Vu le 23/06/2020.
Nous sommes en 2050. L'humanité est en train de mourir, et dans un ultime sursaut désespéré, elle se décide à émigrer vers la planète rouge. Cette dernière a été préparée à la visite des futurs colons. Dans un scénario classique de terraformation, les humains ont fait fondre les calottes polaires à coup de bombinettes atomiques (après tout, pourquoi faire les choses à moitié ?) avant de semer sur la totalité de la planète des algues bleues-vertes productrices d'oxygène. Tout marche à la perfection, jusqu'au jour où la quantité d'oxygène atmosphérique se met à baisser mystérieusement. Pour résoudre cette énigme, les hommes vont alors se rendre sur place.
Après qu'une voix off ait brossé ce rapide panorama de la situation, le film commence sur le départ d'un vaisseau qui ne ressemble à rien, ou plutôt à pas grand chose. A bord de cette boîte de nuit géante (la NASA semble effectivement avoir dépensé des millions pour décorer le vaisseau de toutes sortes de néons colorés), un équipage de six personnes : un commandant à la beauté glacée (Carrie-Anne Moss), le Mac-Gyver de service (Val Kilmer), un spécialiste en génétique (Tom Sizemore), un pilote bodybuildé obsédé par le nombre de visites sur son site perso, un petit jeunot qui cache sa lâcheté sous des apparences agréables et enfin un vieux sage en quête de spiritualité. Qu'on se rassure, les personnages sont simplistes au possible, et les trois derniers ne feront d'ailleurs pas long feu. Aucun risque donc de s'emmêler les neurones.
Malgré l'indigence d'un tel scénario, les acteurs s'en sortent paradoxalement bien. Val Kilmer et Tom Sizemore jouent correctement, et ils sont globalement assez crédibles. La prestation de Carrie-Anne Moss est par contre sujette à discussion. Commandant une mission entièrement constituée d'hommes, cette femme possédant une forte personnalité a souvent été comparée au personnage interprété par Sigournez Weaver dans la Saga Alien. Pourtant, Bowman n'a pas grand chose à voir avec Ellen Ripley. Seul dans son vaisseau spatial, Carrie-Anne Moss passe son temps à s'agiter dans tous les sens en serrant les dents dans un lumière bleutée, là où Sigournez Weaver haranguait des troupes de marines et massacrait les aliens par dizaines en jouant du lance grenade de son fusil d'assaut M41-A.
Les trois autres caractères sont très peu développés, à tel point qu'ils paraissent inexistants. Certains passages sont même grotesques, comme le moment ou Chantilas philosophe avec Gallagher sur la science et la religion. La réflexion est tellement naïve et creuse que l'on ne peut s'empêcher de sourire. Cette scène est finalement représentative du film. Celui-ci décrit la première expédition humaine vers Mars, sans être capable de toucher du doigt la grandeur de l'entreprise. D'où cette désagréable sensation d'inadéquation entre ce qui est montré à l'écran, et ce à quoi on aurait normalement du assister. L'équipage pourrait se diriger vers le Club Med de Djerba la Douce en Tunisie qu'on ne verrait guère de différence.
Comme dans Mission to Mars, le seul point positif de Planète Rouge tourne autour des effets spéciaux et des paysages. De nombreuses scènes ont été tournées en extérieur en Australie et en Jordanie, dans des décors désertiques à couper le souffle. Grâce à l'utilisation d'un filtre rouge-orange pour le ciel, on se croirait véritablement sur Mars. On peut seulement regretter que la bande son - banale à souhait - ne soit pas assez puissante pour accompagner ces scènes d'une beauté indiscutable. Au niveau des effets spéciaux, le robot militaire AMEE bénéficie d'une bonne animation, et on a également droit à quelques gadgets particulièrement sympathiques, comme l'écran souple portable qu'utilise Val Kilmer pour se guider sur Mars.
Malheureusement, le film ne décolle jamais et les péripéties de l'équipage perdent rapidement tout intérêt. Le spectateur ne sera tiré de sa torpeur que par quelques scènes particulièrement ridicules qui valent leur pesant de cacahuètes spatiales. Que dire par exemple du moment ou les astronautes vérifient la faible valeur de la gravité martienne en faisant le concours de celui qui pisse le plus loin ? La NASA a-t-elle dépensé plusieurs dizaines de milliards de dollars pour qu'une bande de joyeux lurons soient les premiers à uriner sur la planète rouge ?
A la fin du film, Gallagher, confortablement installé dans la sonde russe Kosmos, lance un "j'emmerde cette planète !" du plus bel effet, index levé, avant de tirer, un sourire aux lèvres, la poignée qui commande la mise à feu des moteurs. J'emmerde cette planète ! Il fallait oser ! Cette petite phrase, qui a provoqué bien des éclats de rire dans la salle, est cependant tout à fait appropriée. Elle peut effectivement parfaitement s'appliquer au film ...