Ils ont été appelés en Algérie au moment des "événements" en 1960. Quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
C'est Lucas Belvaux, dont j'avais adoré le drame Chez Nous (2017), qui adapte le roman de Laurent Mauvignier. Le film fait partie de la sélection officielle du Festival de Cannes.
La guerre d'Algérie est un sujet que je ne connais que vaguement, je n'avais donc pas réellement d'attente vis-à-vis de ce film. J'espérais juste que sa vision ne soit pas trop unilatérale. Malgré un début un peu catastrophique, la seconde partie a su bien rattraper le tout.
En effet, le film se passe sur deux plans temporels. Le présent, où les protagonistes sont maintenant âgés, et le passé durant la guerre d'Algérie. Toute la première partie est axée sur l'époque actuelle. J'ai trouvé ces passages vraiment pénibles. On frôle la caricature à chaque instant. Que ce soit dans les attitudes des gens, ou les dialogues, j'étais halluciné de la pauvreté.
On va avoir un Gérard Depardieu se transformant en la caricature de lui-même. Il ne fait que gueuler et c'est insupportable voire même ridicule. La pauvre Catherine Frot est totalement transparente. Quant à Jean-Pierre Darroussin, que j'apprécie de base, il est soporifique au possible. Sa narration sonne comme une berceuse.
Celle-ci est là pour représenter ce que pensent les personnages, comme si on lisait un livre. Seulement le problème est qu'avec les images, elle vient parfois souligner des choses qui n'ont normalement pas besoin d'être dites. Le résultat, en plus d'être mou, est assez lourd.
Heureusement, en seconde partie quand on est plongé dans les flashbacks, tout va changer ! On est jeté dans ce récit de la guerre d'Algérie qui va être poignant. On comprend facilement ce que ressent chaque personnage. La souffrance et l'horreur que cela représente. Il y a une vision objective, exposant les faits et les ignominies qui se sont passée.
Âme sensible s'abstenir, il y aura des images violentes à supporter. Pour autant, c'est important de montrer cela. Nous ne sommes plus dans l'abstrait mais dans le concret. J'ai été bouleversé par plusieurs passages et réflexions des soldats.
Alors qu'auparavant la narration était lourde, ici elle vient appuyer le récit sans forcer. Certes, il y avait des passages un peu confus, mais ce n'est pas handicapant.
Après avoir vu la justesse et la puissance de cette seconde partie, je ne peux être que déçu que la séquence présente soit bâclée à ce point. Dommage car j'aurai aimé avoir des protagonistes adultes plus travaillés psychologiquement pour ressentir l'impact sur eux de cette guerre de façon construite.