La route sera bien longue avant que le cadet ne rattrape le prestige de l’aîné, et peut-être plus encore pour se construire une propre identité. Dave Franco semble lancer sa carrière de réalisateur sous l’étendard de la discipline, à défaut d’être audacieux, ce qui ne doit pas être confondu avec la surprise de mauvais goût. Et sans pour autant connaître les thématiques qu’il souhaite aborder, il finit tout de même par trébucher sur un scénario qui ne sait pas quoi raconter. Si les murs ont des oreilles, il possèderait bien des yeux en complément. Il y a de quoi investir du bon sens et une réalité morbide dans cette sinistre location, mais le film ne fait pas non plus le choix de pousser le voyeurisme à son paroxysme dans un élan de pertinence ou de vertige.
Deux couples, ou le groupe d’amis, qui entreprennent un voyage isolé ne diffèrent pas des séries B et autres cinémas de genre. Et pourtant, l’intrigue parvient à capter, le temps de brosser le profil du décor et de l’environnement. Les personnages s’y perdent un peu, comme pour accentuer un certain malaise lorsque l’individualisme prend le dessus sur le groupe. Il existe un léger flottement maîtrisé, qui parsème toute la tension d’un triangle amoureux, sur lequel on insiste peut-être un peu trop pour dérouler un récit peu consistant. Passé ce cap, il serait compliqué d’accrocher une trame sans enjeux. On s’en lasse et l’anticipation fait presque tout le boulot, car les personnages ne cesseront de faire le tour des lieux sans réellement y habiter. Ils ne sont que des passagers dans une escapade qui tente de soulever des pistes de réflexions, mais il n’en fait pas grand-chose, hormis les juxtaposer, hormis les illustrer.
Nous ne pouvons pas non plus reprocher aux comédiens de minimiser l’impact émotionnel, car au-delà d’une photographie soignée, ces derniers ne parviennent pas à trouver la justesse souhaitée, que ce soit dans le jeu ou dans la symbolique pour exprimer ce qui déraille dans un couple. Sans parler de caricature, Charlie (Dan Stevens) l’orgueilleux, Michelle (Alison Brie) la naïve, Mina (Sheila Vand) l’insolente et Josh (Jeremy Allen White) le voyou, ne servent pas correctement l’angoisse que cherche à provoquer le film. Les intentions son vaines et l’on déplore au passage des réactions encore plus grotesques qu’on ne peut plus prendre au sérieux cette machinerie, qui traine et qui oublie de renouveler les attentes du spectateur.
En somme, « The Rental » ne cherche que la reconnaissance de ses prédécesseurs et ne parvient ni à combler l’aspect slasher, ni l’aspect dramatique d’une vue de couple. Ce que l’on croit reconnaitre comme de la paranoïa n’est qu’un masque désenchanté. Le contexte veut nous rappeler ô combien il serait aisé de s’introduire dans un refuge familial et d’y semer la zizanie. Mais le discours jure avec le ton d’une œuvre qui possède bien deux parties distinctes et qui ne communiquent pas vraiment, même par le prisme d’un voyeurisme hasardeux. Il ne fait donc ni chaud ni froid dans la villa au bord de mer et rien ne compense ce vide qui hante l’espace ou l’ennui qui nous possède. Dommage, il y avait assez de place pour tout le monde dans le jacuzzi.