Max Barbakow et sa boucle temporelle n’a pas à rougir, même face à « Un Jour Sans Fin », car s’illustre toujours mieux que des descendants moins subtils et moins pertinents, à l’image de « Naked » par exemple. Ce film semble plutôt vouloir déjouer les codes de narration, en offrant à ses prisonniers du temps plus de possibilités. On ne se réveille plus dans un campus ou sur une base aérienne, la veille d’un débarquement catastrophique, mais bien aux portes d’une cité qui a déjà suffisamment de critères pour alimenter son caractère intemporel. Loin des feux de l’excès d’un Las Vegas, cette oasis propose également son lot de plaisir et d’excès, dans la mesure où Palm Springs a pu accueillir diverses figures hollywoodiennes sous un soleil ardent le jour et son ciel étoilé la nuit. N’est-ce donc pas un décor des plus idyllique pour graver son empreinte, en même temps que ses vœux d’amour ? Des vœux qui doivent résonner dans l’éternité et qui constitue parfaitement le théâtre d’un mariage, que deux âmes perdues se partagent spirituellement.
Nyles (Andy Samberg) est le premier candidat d’un monde ouvert, mais d’un cercle fermé, où son existence justifie toute la torture qu’il endure. Personne ne nous cache l’ambition de surfer sur une comédie romantique, en empoignant un tel personnage aussi blasé de la vie, du temps et de l’amour. C’est pourquoi le renfort de Sarah (Cristin Milioti) vient pimenter la linéarité d’un récit qui ne dépasse pas les 24 heures. Pourtant, cela constitue le meilleur des environnements pour un purgatoire, car l’un comme l’autre se mentent à eux-mêmes et trompent d’abord leurs sentiments avant de les embrasser par désespoir. Il y a de la tragédie, derrière les sourires de ces ivrognes, qui se reconnectent avec une réalité qui leur a toujours échappé. Ce qui est ironique, étant donné qu’ils évoluent dans un cloître fantastique. Mais ce qui devient une restriction pour eux se transforme en outil de divertissement, qu’ils usent jusqu’à la moelle, jusqu’à ce que l’émerveillement leur échappe à nouveau. Dans ce discours, la répétition du quotidien les frappe avec stupeur, mais ne les foudroie pas pour autant, du moins pas comme ils l’auraient pensé.
L’amour est un langage ancré dans la désillusion et on ressent le côté pessimiste et sans doute assez authentique dans les faits. Rien n’est stable dans les émotions et le duo se confie également sur les limites de relations, qu’elles soient de nature éphémères, spontanées, oubliables ou durables. Mais n’en réclamons pas tant, car l’œuvre aussi se soumet à ses contraintes, comme un dénouement un peu expédié et qui retombe dans le pathos. De même, elle peut souffrir de quelques redondances, qui ne serve jamais assez ces moments d’égarements où les héros font le point sur des perspectives. Si l’objectif reste toutefois de briser une routine, il convient de préserver cette cohérence, qui s’éparpille un peu trop dans la générosité de l’humour. Néanmoins, le scénariste Andy Siara confie à ses personnages un remède à travers les responsabilités, dont ils auront conscience et dont ils se sont engagés. Cela constitue la note la plus touchante à cette aventure loufoque et bienvenue.
À quoi doit-on alors s’attacher et peut-on réellement porter cette charge ? « Palm Springs » y répond avec amusement et souligne justement des convictions qui valent la peine qu’on s’y attarde. En acceptant ce sentier de la perdition, une cavité pourrait bien nous guider vers ce lendemain qu’il s’agit de convoiter. Et n’oublions pas le rôle de J.K. Simmons qui, en dépit de manquer de présence ou de développement, est bien loin du comic relief. Son rapport à l’amour étant à son apogée, son but n’est donc plus de catalyser son avenir, mais bien celui de ses enfants. Les priorités changent au fur et à mesure que les enjeux progressent et chaque protagoniste, aussi cocasse qu’ils soient, nous rappelle qu’il y a toujours un peu d’espoir, même dans un désert de solitude.