La mer, source d’inspiration inépuisable pour les poètes, les romanciers et les peintres, émerveille aussi volontiers les créateurs de films d’animation japonais. Dans Ponyo sur la falaise en 2009, par exemple, Hayao Miyazaki avait imaginé une fable qui en dévoilait à la fois les splendeurs et les dangers. Aujourd’hui, c’est Ayumu Watanabe qui propose une histoire tout aussi fabuleuse, histoire dont le but évident est de magnifier la richesse et la beauté des océans, eux-mêmes symbolisant la grandeur et la majesté non seulement de tout le vivant, mais de tout ce qui existe, de l’univers tout entier.
Pour ce faire, Watanabe a imaginé un personnage d’adolescente nommé Ruka, jeune fille qui, à l’âge de l’enfance, avait été fascinée par le spectacle des créatures marines évoluant dans un grand aquarium et ne s’en était jamais remise. Adolescente, on la voit se fâcher avec les membres de son équipe de handball avant de faire la connaissance de deux êtres qui ne tardent pas à révéler leur différence : ils se nomment Umi et Sora et proviennent de la mer, puisqu’ils ont été élevés par des dugongs. Ils ne peuvent donc vivre qu’en connexion avec la mer, sans quoi ils mourraient. Ruka s’attache aussitôt à eux, au point de les accompagner dans leur quête existentielle, ce qui fait qu’elle s’éloigne encore davantage de ses parents et, en particulier, de sa mère avec qui elle vit, mais dans une relation conflictuelle.
Plusieurs autres personnages interviennent au cours de l’histoire, sans qu’on comprenne clairement leurs motivations. Car c’est la limite de ce film : son scénario demeure confus, explorant plusieurs pistes sans leur donner d’aboutissement satisfaisant (on se demande ainsi quel est l’intérêt d’avoir inséré dans le récit une histoire de météorite), et mettant en scène des personnages qui restent énigmatiques. Dans la deuxième partie du film, c’est le lyrisme qui l’emporte, mais au risque d’un texte, certes poétique, mais à la limite de la grandiloquence. Reste l’inventivité formelle car, sur ce terrain-là, le film offre un émerveillement total. Watanabe s’en donne à cœur joie quand il s’agit de magnifier la mer et il le fait avec un talent irrécusable. Dans une longue séquence de la fin du film, son imagination, sur le plan formel, éblouit, mettant en corrélation la vie maritime et le cosmos tout entier, comme un long poème de la création. Le spectacle, alors, envoûte littéralement.