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Un visiteur
3,5
Publiée le 26 décembre 2015
Toute la puanteur et la pourriture des grandes familles dans leur arrogance totale est montrée ici à untravers ce film cruel qui montre bien que les bons sentiments ne font pas partie du code moral de cette caste de puissants qui aime tant vivre au-dessus des autres. Si Jean Gabin est parfait comme à son habitude, je ne peux que saluer la remarquable prestation de Pierre Brasseur, père de Claude, qui fut un immense acteur comme il le prouve ici.
A revoir ce film, il est plutôt mineur par rapport au livre de Druon. Le personnage de Gabin est moins complexe qu'il ne le faudrait, tout est amoindri. Pas un mauvais film, mais pas un des meilleurs.
A force de jouer boursiers, on y laisse des plumes ! Une affaire presque rudement menée par Jean Gabin. Je ne suis pas du tout surpris par l'attitude de la famille dans les 15 dernières minutes. Le plan boursier avait tout de même de l'idée mais certaines paroles lâchées dans les pires moments de l'existence laissent des traces indélébiles. J'apprécie beaucoup le rôle, l'honnêteté et la fidélité du personnage interprété par Blier. Un bon film.
Une fois n'est pas coutume mais ce film me rend schizophrène. D'un côté, Gabin et les autres sont excellents et les dialogues très bons nous emmènent au bout du film s'en que l'on ne s'en rende compte. De l'autre, le scénario nous raconte l'ignominie de la bourse, des boursicoteurs en un mot du capitalisme échevelé, sans limites. Sans limite, au point qu'on pousse au suicide celui qui tel le papillon s'approchant de la lampe incandescente et se brule les ailes. Mais malgré le suicide de l'un, les autres continuent comme si de rien n'était. Même le père dont le fils s'est suicidé alors que c'est lui qui l'a poussé au suicide. Et en plus, ce père rejette la faute sur un autre! Ignominieux! Indécent! obscène! Le capitalisme dans toute sa splendeur et surtout ses ignobles bassesses! A ne pas voir ou alors en étant capitaliste convaincu.
Malgré un casting des plus alléchants (Gabin, Blier, Audiard) le film s'ouvre d'un cruel manque du rythme, de scènes percutantes et surtout d'un manque de qualité des dialogues d'Audiard, peu percutants ici. Dommage...
Terrifiant.Ce film est la démonstration éblouissante du pouvoir que peut détenir le cinéma de propagande qui a heureusement disparu de nos jours. Ici ,bien sur ce n'est pas de la propagande mais du démonstratif caricatural qui ne souffre aucune contestation. C'est comme cela que ça ce passe ,point final. Aucun moyen n'est négligé pour nous faire penser que la vraie vie est toute autre. Les acteurs sont les meilleurs de l'époque,le dialoguiste est éblouissant et le climat tragique bien en place...Mais,bizarre ou est l'émotion ? On ressort bluffé mais les yeux secs et l'indignation au fond du coeur...C'était le point de vue majoritaire des 5 millions de spectateurs de 1958. Il était temps que la nouvelle vague arrive ...J'aimerais bien connaître l'opinion de Jean-Luc Godard sur ce film. La mienne en tous cas est déplorable et je suis certain que les nombreux metteurs en scènes qu j’admire auraient refusé le scénario et les propos tenus. A la place de la grandeur ,il n'y a que médiocrité et bassesse .Pourtant nous savons tous que la richesse actuelle de la France provient des valeurs bourgeoises et industrielles qui ont dynamisé notre pays. Il y a forcement eu des brebis galeuses mais pas à ce point et pas toutes ensemble. Pourquoi brocarder ainsi nos belles institutions ? Les académies,la légion d'honneur entre autres et l'église catholique évidemment tournée en ridicule par la voix d'un prêtre sans honneur et sans morale chrétienne. Ce n'est pas avec de tels films que,quelque soit l’ époque, on élève l'âme et on rend le public intelligent ou sensible. Toutes les limites de la décence sont dépassées quand le coup de feu est entendu juste après le mot ''caviar'' ou que Françoise Christophe ordonne à son beau père en pleine douleur de lâcher son petit fils qu'il tenait dans ses bras
Toute la richesse d'une entreprise, celle de Jean Gabin qui se rend compte que son fils est pas apte à reprendre le flambeau. Gabin fidèle à lui-même, excellente prestation et le grand Pierre Brasseur suit aussi comme à son habitude à merveille. Le dénouement final vaut son petit moment d'intrigue. Une comédie dramatique légère qui remplit son quota scénaristique.
« Les grandes familles », adaptation du roman de Maurice Druon, Prix Goncourt en 1948, constitue la première des six collaborations entre Jean Gabin et Denys de la Patellière. Le réalisateur passé par l’assistanat (Georges Lacombe, Maurice Labro) réalise ici son sixième long métrage. Depuis sa « renaissance » avec « Touchez-pas au grisbi » (Jacques Becker en 1954), Jean Gabin n’arrête pas de tourner (20 films en quatre ans), alternant les rôles de flics, de gangsters ou de grands bourgeois. Avec « Les grandes familles », il franchit encore un cap grâce au rôle de Noël Schoudler, chef de clan de l’une des plus grandes familles de France, trustant tous les postes importants au sein d’une société qui si elle n’est plus à ordre comme sous la royauté, se plaît encore à préserver les privilèges de quelques-uns. L’autorité physique de l’acteur âgé de 54 ans fait merveille, mélange indiscernable entre inflexibilité, soif irrépressible de pouvoir, magnanimité et rouerie. S’il est empreint d’un certain statisme qui a pu lui être reproché, le film en tire parti pour exposer tout le poids des convenances et de la hiérarchie qui règne au sein d’une famille où presque tout le monde se déteste derrière une amabilité de façade. Noël Schoudler, dupe de rien, se joue de toutes ces déférences face à son auguste personne, prétextes à lui soutirer prébendes ou coups de pouce en haut lieu. Seul le cousin Maublanc (Pierre Brasseur), bambocheur notoire, ne plie pas face à l’autorité en place, lui aussi calculateur cynique qui usera d’une fraternité onctueuse mais feinte à destination du fils Schudler (Jean Desailly) en quête de la reconnaissance paternelle pour se venger. Un jeu de massacre en smokings et hauts de forme qui fait froid dans le dos articulé autour de l’affrontement de très haute volée entre Jean Gabin et Pierre Brasseur qui se retrouvent vingt ans après « Le quai des brumes » de Marcel Carné. À leurs côtés, les Bernard Blier, Jean Desailly, Louis Seigner, Jean Murat et autres Jacques Monod ou Jean Ozenne nous rappellent combien les seconds rôles de cette période du cinéma français étaient formidablement sculptés mais aussi interprétés. Enfin on ne doit pas oublier de saluer la plasticité des dialogues de Michel Audiard qui parviennent à s’ancrer dans tous les milieux et qui sont ici particulièrement cinglants.
Une affaire de succession dans une famille qui comprend comme partout ses valeurs sûres et ses bras cassés. Pierre Brasseur est excellent et Gabin parfait en patriarche. Cependant il faut aimer le milieu des affaires avec ses intrigues et ses coups bas.
D’après Maurice Druon, les haines et rancunes tenaces des grandes familles d’industriels/banquiers/ général/ académicien où on n’avorte pas, où on ne se suicide pas, mais où on n’hésite pas à s’entretuer via le monde implacable de la haute finance. C’est bien sûr manichéen, avec un Gabin impérial dans un rôle fait pour lui, une distribution haut de gamme, une très bonne photo noir et blanc, un montage huilé (sauf à la Bourse), des super scènes (l’aveu de Lachaume) et des dialogues signés Audiard - gage de qualité - dans un registre pourtant inhabituel.
Sur des dialogues tranchants d’Audiard, une fresque familiale cruelle et cynique dans laquelle un Gabin magistral en chef de clan spécule sur les siens jusqu'à solder les comptes face à un immense Pierre Brasseur. 3,75
Une réussite en tous points : mise en scène, décors, interprètes, dialogues. Un film à voir et revoir tant Gabin s'affirme comme l'un des meilleurs acteurs de cette époque.
Le roman de Maurice Druon, qu'on imagine plus subtil et nuancé, offre à Denys de la Patellière et à Michel Audiard une matière satirique qu'ils tirent vers la caricature, de façon drôle, grâce aux formules d'Audiard qui peut étancher sa soif anti-bourgeoise, mais aussi sur un mode simpliste. Les grandes familles aristocratiques et capitalistes incarnent la France d'en haut, celle des états-majors et de l'Académie, des conseils d'administration et des fils à papa. Le réalisateur et son co-scénariste offrent à la France d'en bas le spectacle des turpitudes d'une classe dépeinte dans sa vanité et son arrogance, sa sénilité, parfois, et sa férocité en affaires. Dans cette alliance qui aussi celle du sabre et du goupillon, dans cette dynastie des Schoudler-de la Monnerie, Noël Schoudler, influent et omnipotent, fait figure de chef. Jean Gabin l'incarne et, peut-être parce que son personnage de capitaine d'industrie est issu de la roture et que ses discours, ses manières, se rapprochent d'un certain populisme, il échappe en partie aux railleries d'Audiard. Certes, la dureté de Schoudler lui vaudra, lorsque que le drame s'immiscera dans la satire, une cruelle leçon et un remords éternel, mais le jeu uniforme de Gabin autant que son statut de vedette le détournent du personnage authentique et, par conséquent, intéressant qu'on aurait souhaité et qu'aurait du être ce potentat de la finance, détestable à beaucoup d'égards. Gabin et son personnage stigmatisent les limites du film: une vugarisation de la "haute", éloquente mais pleine de poncifs.