On peut dire que le train m’a laissé plus d’une fois sur le quai…
Pour étayer ma chronique, il va falloir spoiler énormément un scénario qui ne fonctionne quasiment… jamais ! Si vous désirez un avis rapide, c’est simple: Oui, c’est beau, oui le scénario déraille constamment. Si vous désirez rester aux portiques, libre à vous, mais vous pouvez également embarquer avec moi pour le tortillard de l’infini.
SPOILERS ALERT!
Déjà le plan du méchant principal ne fonctionne pas. De par son odeur de démon, il ne peut approcher nos protagonistes en alerte. Il se débrouille alors pour endormir nos héros via le contrôleur du train. Une fois nos quatre combattants dans les bras de Morphée, quatre enfants condamnés par la tuberculose sont envoyés dans leurs rêves pour les tuer de l’intérieur. Leur rétribution sera un rêve infini ou ils auront une fin de vie digne.
OK.
En fait non, pas OK.
Est-ce que c’est vraiment pertinent d’échafauder toute cette infiltration… alors que juste enfoncer un poignard dans la tempe ou le cœur de nos Belles aux Bois Dormants n’aurait pas été plus rapide et sur? Surtout que les gamins sont armés également ! Non ? Bon…
Quand nos héros rêvent, ils ont des visions idéalisées de leurs vie : amour réciproque, retour des êtres disparus, ambitions guerrières enfin assouvies, etc. MAIS pas Rengoku, qui lui va se farcir… un flashback ? Pourquoi ? Ah on me dit dans mon oreillette imaginaire que c’est pour donner un background à un nouveau personnage.
Bon.
Une fois réveillés (je passe les détails, il manque carrément des scènes de transition dans la narration mais bon, on n’est plus à ça près), Tanjirô décèle l’odeur du démon dans l’encre des tickets de train qu’il avait sur lui depuis le début du voyage. Pourquoi maintenant, et pas avant ? Parce que scénario.
Vient enfin le combat contre le démon des rêves qui comme tous les protagonistes de ce film expliquent à travers de longs monologues ce qu’il fait, au cas ou un non-voyant aurait eu envie de « voir » le film. Pratique mais pénible. Donc il déclare qu’il voulait s’emparer de la vie des 200 passagers du train afin de renforcer sa puissance, ce qu’il tente de faire durant son combat contre nos héros. Et le faire pendant que nos protagonistes dormaient, c’était pas possible ?
Non ? Ooooook…
Si le combat final offre son lot de performances d’animation, on remarque alors que tout cela se termine au bout d’1h20 de film. Mais…. Il n’est pas censé durer 2 heures le film? Ah, on me signale qu’un nouveau boss de fin de niveau arrive pour combler les 40 dernières minutes ! Pourquoi, comment, d’où ça, on ne sait pas, et c’est tellement n’importe quoi que même notre héro Tanjirô se pose ouvertement la question. Quand même les personnages d’un film se posent la question du sens d’un plot twist foireux, c’est qu’il y a un GROS souci quelque part. NON, on ne justifie pas l’apparition nawak d’un nouveau boss pour teaser la saison télévisuelle à venir. On est dans un film, qui certes fait parti d’un tout, mais là encore un peu plus de subtilité aurait été bienvenu.
Après donc un superbe combat final contre le Boss n°2 (je m’en fous de son nom tellement il est random), Rengoku meurt et c’est parti pour 10 minutes de pleurnicheries ! Alors OK, le personnage était sympathique, mais de là à pleurer sa mort comme si on le connaissait depuis 259 épisodes, non. On s’en fout. Clairement. Oui, c’est triste. Mais bon, juste un violon suffira, pas besoin de sortir l’orchestre symphonique et les Cœurs de L’Armée Rouge pour autant…
Et c’est fini… OUF !!!!!!
C’était joli donc, mais laborieux. Et savoir que un tiers des tickets de cinéma vendu en France la semaine de la réouverture des cinémas était pour ce film, sans compter le succès mondial complètement disproportionné, me fait gratter ma tête dubitative. Certes, le film joue sur le succès largement mérité de la série télévisée, mais il semble que le bouche à oreille fut assez bon pour ne pas entamer son succès sur le long terme. OK….
On m’a dit aussi que c’est le lot de nombreux films shônen de jouer sur le spectaculaire avec une trame minimaliste. Alors oui… mais non. La tradition n’est pas une excuse à un scénario médiocre, et minimaliste ne veut pas non plus dire incohérent. Et là, niveau incohérences, le Train de l’infini porte bien son nom ! Un film de Dragon Ball Z ou de One Piece ont des scénarios simples mais cohérents par exemple, mais dans ce film tortillard, toutes les 10 minutes ont se fait un facepalm. Argument invalide donc.
Que reste t’il au final ? Un joli film (comme la série TV en fait), un humour bon enfant mais un peu lourdingue (comme lorsque votre cousin de 8 ans vous raconte mal une blague Carambar pas drôle de base), des scènes d’action grandioses dans sa seconde partie, enfin digne d’un film cinéma pour le coup. Un bilan mitigé mais pas désagréable au final, cependant clairement pas à la hauteur d’une première saison télévisuelle incroyable. Ne croyez pas que je sois un fan qui en attendant trop, c’est juste que objectivement, le scénario du film ne fonctionne pas et est truffé d’incohérences encore une fois! Ce n’est pas une question de pinailler sur des détails, quand on mets en place une intrigue un peu complexe dans ses rouages de manipulation et d’infiltration, la moindre peccadille prends des proportions qui peuvent tout gâcher.
Donc Demon Slayer est hélas un film indispensable pour tous les fans de l’œuvre qui veulent enchaîner avec la prochaine saison télévisuelle, et qui vient entacher un parcours qui jusques là était un sans fautes… Dommage mais pas assez préjudiciable pour entacher l’aura de cet univers. A condition que l’on ne nous refasses pas le coup une prochaine fois…