Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
rogerwaters
141 abonnés
1 089 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 12 novembre 2019
Plaidoyer pour son pays natal – la Grèce – écrasé sous le poids de la dette, Adults in the room est une œuvre forte qui nous plonge au cœur des tractations entre le gouvernement d’Alexis Tsipras et la Troïka européenne. Bien entendu, en adaptant le livre de Yanis Varoufakis, Costa-Gavras adopte clairement le point de vue de l’ancien ministre des finances grec et donc d’une certaine gauche qui a voulu renverser la table en Europe. Si vous êtes donc farouchement pour l’Europe des technocrates et de la rigueur budgétaire, ce long-métrage n’est évidemment pas pour vous. En tant qu’œuvre purement politique, le métrage ne pourra jamais faire l’unanimité. Pourtant, il s’agit d’un excellent film politique qui adopte la forme du thriller, comme autrefois Z. Rien de nouveau sous le soleil puisque Costa-Gavras n’est pas là pour faire dans la nuance. Il souhaite simplement dénoncer une imposture démocratique, celle d’une Europe dirigée par des gens non élus, tous adeptes d’un même discours univoque. Le cinéaste dénonce également la volonté d’imposer aux peuples des décisions douloureuses, alors qu’elles sont la résultante d’une gestion précédente absolument désastreuses. En gros, il s’agit ici d’un constat d’échec, de tous les côtés. Les populistes ne peuvent que mentir à leur électorat puisqu’ils ne peuvent concrètement rien changer au système, tandis que les institutions européennes ne parviennent plus à masquer qu’elles sont au service d’un système financier globalisé et non au service des peuples. Cette situation inextricable est particulièrement bien saisie et montrée ici. Elle ne doit pas conduire à détruire l’Union européenne, mais bien à la réorienter vers une autre organisation, plus soucieuse des peuples, au risque de sa propre implosion (qui ne saurait tarder d’ailleurs, tant les coutures craquent de partout, et ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle).
Adults in the Room est un long-métrage plutôt bon de la part du réalisateur de Z et d'Amen. Film éminemment politique, ce pamphlet contre les institutions européennes (et en particulier l'Eurogroupe) risque de cliver et difficile d'apprécier ce film si on a une lecture complètement opposée vis-à-vis de la situation en Grèce. Le film rend abordable la question économique grecque, sujet souvent complexe (ou plutôt expliqué avec complexité). C'est extrêmement limpide, inutile d'avoir fait BAC+12 pour parfaitement comprendre le scénario et l'ensemble des subtilités financières et économiques qui y sont évoquées. Le film a le mérite d'offrir un éclairage (à travers les yeux de Varoufakis) sur les éléments relativement transparents et souvent décidés dans l'ombre. Alors, évidemment, il y a un point de vue (Varoufakis est un chevalier blanc et Schäuble est clairement l'antagoniste par excellence), mais il est clairement affirmé (et on ne peut pas reprocher au film d'être insidieux). Les acteurs sont globalement convaincants. La ressemblance parfaite n'est pas atteinte (notamment pour l'acteur incarnant Alexis Tsipras) mais dans l'ensemble, les personnages réels sont facilement reconnaissables. Et les acteurs jouent plutôt bien (Ulrich Tukur est impeccable en Wolfgang Schäuble). Film très intéressant, entre le documentaire et la fiction (même si respectant beaucoup la véracité des faits). À recommander comme approche pour ceux souhaitant mieux comprendre la crise grecque.
J’ai eu la chance de voir en présence de Costa-Gavras son dernier opus « Adults in the room ». Ce film montre 2 facettes des 5 mois et 9 jours passés par Yánis Varoufákis au ministère des Finances du gouvernement d'Alexis Tsípras en Grèce en 2015 : la facette montrée au public avec même des images d’archives et la seconde facette c’est tout ce qui s’est passé au sein de multiples rencontres pour essayer de trouver une solution au « problème » de la dette grecque qui risquait d’induire une crise monétaire européenne voire mondiale. Les dessous ne sont pas jolis avec une multitude de réunions stériles, parfois rapidement interrompues par des « caprices » avec un énorme bras de fer entre Yánis Varoufákis (qui se définit lui-même comme un marxiste libertaire), la troïka européenne (les « experts » financiers chargés d’aider la Grèce) et le président inflexible de l’Eurogroupe dominé par l’intransigeant ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble … tous ces éléments étant issus d’entretiens que Costa-Gavras a eu avec Yánis Varoufákis avant même la sortie de son livre. On appréciera alors de façon amère les photos prises lors de chaque réunion et les déclarations toutes faites (plutôt rassurantes pour les marchés financiers) mais en total décalage avec ce qui s’est passé lors de la réunion. Dans ce jeu de « casse-tête », la France est un peu épargnée via les encouragements de principe de Pierre Moscovici, ministre des finances de François Hollande, et Catherine Lagarde, Présidente du FMI, qui a un regard très dur sur les participants à toutes ces réunions puisqu’elle prononce la phrase « Adults in the room » signifiant aux USA que ce ne sont que des amateurs et qu’il y a besoin de personnes réellement compétentes. Le film de Costa-Gavras est donc bien difficile à comprendre si on n’est pas au courant de ce qui s’est passé en 2015 … en sachant que l’auteur n’a pas voulu surchargé son film en disant le pourquoi de la dette grecque avec des évasions fiscales, l’exil de certaines professions comme les médecins, la baisse de 30 % de tous les salaires exigée par la Troïka … et le fait qu’une grosse partie de cette dette était liée aussi à l’achat par la Grèce d’armements lourds (hélicoptères pour la France et sous-marins pour l’Allemagne). Eclairé par tout ceci on comprend mieux ce film de Costa-Gavras … qui déroutant au début, est bien dans la lignée des films politiques et militants qu’il a toujours fait !
Dans Adults in the room, Costa-Gavras adapte au grand écran les mémoires de Yanis Varoufakis (Christos Loulis). L’éphémère ministre des finances grec les avait publiées en 2017 sous le titre Conversations entre adultes - Dans les coulisses secrètes de l’Europe. En cette qualité de ministre des finances, il fut chargé par la coalition antisystème Syriza emmenée par premier ministre grec, Alexis Tsipras (Alexandros Bourdoumis), de négocier en 2015 au niveau européen la fin de l’austérité imposée à la population grecque. Le récit décliné est une affaire de spécialistes et fait de Adults in the room un film de technocrates et de bureaucrates. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/2019/11/29/adults-in-the-room/
Le réalisateur s’est inspiré du livre « Conversations entre adultes-Dans les coulisses secrètes de l’Europe » (2017) de l’ancien ministre des finances grec, Yánis Faroufákis mais déjà en 2007, l’ambassadeur de Chypre en France l’avait prévenu que la Grèce courait à sa perte. Le film débute en janvier 2015, lors des élections législatives gagnées par SYRIZA dont fait partie Aléxis Tsípras (41 ans) qui devient Premier ministre tandis que Yánis Faroufákis (54 ans) est son ministre des finances. La démission de ce dernier, 5 mois et 12 jours après, est expliquée par les évènements qui ont suivi les élections. On y découvre les affrontements brutaux et d’une grande violence entre les ministres grecs et l’Eurogroupe, constitué par les ministres des finances des pays de la zone euro et présidé par le néerlandais Jeroen Dijsselbloem, dominé par l’intraitable allemand Wolfgang Schäuble (paraplégique à la suite d’un attentat), souhaitant la sortie de la Grèce de la zone euro et que Christine Lagarde, directrice du F.M.I. (Fond Monétaire International), tempère afin de ne pas bloquer les négociations. Le film montre les coulisses, souvent en opposition avec les discours de façade, notamment devant la presse (bel exemple d’hypocrisie du français Michel Sapin), le côté tatillon de Jean-Claude Juncker, président de la commission européenne qui veut imposer le port de la cravate à Yánis Faroufákis ou le cynisme et l’arrogance de la troïka constituée d’experts de la Communauté Européenne, de la Banque Centrale Européenne (dirigée par l’italien Mario Draghi) et du F.M.I.). C’est finalement le référendum grec, proposé par Aléxis Tsípras (après la limitation des retraits bancaires à 60 € / jour), le 5 juillet 2015, qui refuse (à 61 %) l’adoption des mesures de la troïka, qui provoque la démission du ministre des finances, ne voulant pas appliquer une politique de droite et préférant que la gauche disparaisse pour renaitre ultérieurement. Le titre du film vient d’une réflexion de Christine Lagarde trouvant, lors d’une réunion de l’Eurogroupe, que la salle manquait d’adultes, vu l’affrontement des égos. Belle illustration de la déconnection de la plupart des membres de ces commissions, pas toujours élus et oubliant les peuples dont ils sont issus.
Séquences économiques compliquées et peu constructives par moment, jeu des acteurs inconstant et scènes de danse par exemple tout à fait inadaptée au sujet, sujet un peu lourd et film un peu trop long... moyen
Costa-Gavras fait le pari de traiter d’une période charnière pour la Grèce et l’Europe en choisissant une voie difficile : celle des tractations politiques de 2015 entre le gouvernement d' Aléxis Tsípras et les autres gouvernements européens. Pour cela, on suit le ministre des finances grec, Yánis Varoufákis, dont la vision économique diffère considérablement de celle des autres pays européens, et notamment de l'Allemagne qui prône la rigueur budgétaire, et la réduction de la dette grecque par des mesures d'austérité drastiques. Si l'on est adepte des politiques néolibérales, il sera probablement difficile d'adhérer à ce film qui donne le beau rôle à Yánis Varoufákis tandis qu'il désigne clairement les européens soit comme des personnes incapables d'empathie et de compromis (notamment les allemands), soit comme des hypocrites (FMI et français), soit comme des technocrates enfermés dans leurs dogmes (BCE). Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, est intraitable du début à la fin des négociations, mais Costa-Gavras lui fait avouer dans un entretien privé avec Varoufákis que, s'il était à sa place, il n'accepterait pas le conditions imposées par les européens car elles ne sont pas supportables pour le peuple et l'état grecs. C'est le seul moment où Wolfgang Schäuble fait preuve d'empathie et d'humanisme. Et cela ne dure qu'une minute et restera une discussion privée. A-t-elle vraiment eu lieu ? Wolfgang Schäuble a-t-il véritablement tenu ces propos ? Nous ne le saurons probablement jamais. Il n'en demeure pas moins que ce film est passionnant et qu'à ce jour, en 2022, la dette Grecque est plus élevée qu'en 2015, ce qui tend à démontrer que Varoufákis avait raison et qu'il fallait restructurer la dette pour permettre à l'économie grecque de ne pas s'effondrer.
Ce biopic est un très bon film politique. Il faut tout de même connaitre un peu le sujet pour arriver à rentrer dedans. C’est très intéressant d’avoir choisi le point de vue de Yanis Varoufakis pour comprendre cette crise et non celui du Premier Ministre Aléxis Tsípras. Pour rappel, en 2015, la Grèce était noyée sous la dette et l’Union Européenne exigeait qu’elle adopte un énième plan d’austérité. Ce film va pointer du doigt le fonctionnement de ces institutions qui n’ont que faire du peuple et de sa situation précaire. On met le nez pile où il faut pour voir que derrière les belles paroles de nos politiques, il n’y a aucune volonté démocratique. L’Union Européenne est une machine technocrate à broyer les peuples et enrichir ceux qui sont au-dessus. Tout ce qui se passe pendant les 2h est vrai, et cela il ne faut pas l’oublier pendant le visionnage. Ce ne sont pas des élucubrations d’eurosceptique mais les mémoires d’un homme qui a été confronté à cette folie. D’ailleurs, Christos Loulis est excellent dans ce rôle. J’étais captivée par l’image qu’il renvoie. Alors même s’il y a par moments quelques longueurs, dans sa globalité c’est très fascinant à regarder. C’est comme un reportage en immersion à la place du protagoniste principal. Personnellement, étant friand des sujets politiques, j’ai été captivé par certaines séquences et je bouillais de rage devant tant d’acharnement à détruire ce pays.
Ce film est presque un hommage à la politique. Je n'ai jamais vu un film qui soit aussi près d'un sujet si politique. D'ailleurs on a presque l'impression de regarder un documentaire. D'autant plus que certains acteurs sont extrêmement ressemblant aux vrais. J'étais un peu déçu que certains personnages ne soient pas présentés: on pense les reconnaître mais il y a toujours un petit doute. Ce film est aussi un formidable résumé des négociations entre l'Europe et la Grèce lors de cette crise sans précédent. On y voit un Yánis Varoufákis en négotiateur hors-pair. Plus d'un aurait craqué à sa place. Costa-Gavras réalise donc un film politique, comme il les affectionne tant, mais ici, il n'y pas ou peu de place à la fiction: rien n'est romancé ou presque.
Belle réussite sur un sujet peu cinématographique : les négociations européennes sur la dette grecque. Costa Gavras arrive à montrer l'hypocrisie française, le cynisme anglais et l'intransigeance allemande (Ulrich Kutur en Wolfgang Schaüble magnifique), et quitte le réalisme pour un final chorégraphique où le premier ministre grec est en but à une impasse et finit par trahir le résultat du référendum.
Je reste impressionnée par la danse des acteurs européens autour de Tsipras vers la fin du film. Une danse comme une rengaine qui ne peut quitter la mémoire. Je reste impressionnée par l'ensemble du film, même si 3 spectateurs ont quitté la salle en cours de projection..., il est vrai qu'il fallait se concentrer, ce qui est plutôt un bon point, pas de superficialité ni de trop grands effets. A voir pour comprendre. Mais pas pour rêver, hélas.
Un film important, un film nécessaire. On y voit à quel point l'Union Européenne est tout sauf une zone démocratique. Les financiers imposent leur loi, les élections n'ont plus aucune utilité. La crise sanitaire que vivent nos pays est directement liée à ces politiques d'austérité qui nous sont imposées.
Superbe film de Costa gavra. Biopic sur la faillite de la Grèce. l'intérieur des institutions européennes , ses réunions tendues à l'époque , avec le gouvernement Grec , la crise absolue.
La crise grecque m'est restée en mémoire comme l'événement qui a fait perdre à l'Union européenne toute sa raison d'être, celle d'une instance supranationale visant à dépasser les égoïsmes nationaux en vue d'une stabilité collective, soit par complaisance - cette crise devenant justement le point de cristallisation des égoïsmes nationaux - soit par impuissance, parce que le mode de fonctionnement des institutions était vicié dès le départ. Pour être tout à fait complet, il semble utile de préciser que Costa-Gavras a basé son film sur le livre de Iannis Varoufakis, le ministre des finances issus des rangs du parti d'extrême-gauche Syriza qui y relate sa (brève) expérience à batailler avec l'Eurogroupe, la Troika et spécifiquement son homologue allemand Wolfgang Schäuble non seulement parce qu'en tant qu'économiste, les mesures d'austérité imposées à la Grèce lui semblaient contre-productives et à même d'enfermer le pays dans un cercle sans fin de remboursements et d'emprunts, mais aussi pour que l'expression démocratique du peuple grec soit prise en compte dans l'équation. En vain : quelle que soit la responsabilité - réelle - des élites grecques des dernières décennies dans la banqueroute qui frappa leur pays, on ne peut qu'être écoeuré face aux calculs comptables et à la logique d'épicier des interlocuteurs institutionnels des représentants hellènes, à l'arrogance de ces fonctionnaires non-élus chargés de vendre à l'encan le patrimoine grec et au mépris affiché pour le fonctionnement démocratique des états, qui se rengorge d'une logique économique inattaquable sans comprendre qu'il ruine l'essence même du projet européen aux yeux des peuples. Entre une France qui se repaît de grandes déclarations d'intention, faute d'avoir d'autres atouts dans sa manche et une Allemagne aveugle et sourde car arc-boutée sur son dogmatisme budgétaire, les états membres n'offrent pas un spectacle plus glorieux dans ce théâtre de l'absurde, qui déshabille l'Europe et la laisse nue, exposant aux yeux de tous sa médiocrité à courte vue. 'Adults in the room' est un film de débats, d'argumentaires, un pensum de droit européen parfois rébarbatif mais qui a le mérite de laisser la parole à la partie demanderesse, ce qui n'avait pas été forcément le cas dans la presse de l'époque: un point de vue qu'on peut difficilement taxer d'impartialité mais qu'il est tout aussi difficile de ne pas considérer avec sympathie.
Ce film est à voir en urgence par tout européen, et au final, on comprends mieux à la lumière du comportement de l'Europe face à la Grèce, les déclarations de l'Angleterre qui parle de harcèlement à propos du Brexit et de refus de négociation. C'est un drame en version accélérée auquel on assiste, auquel le parlement européen ou plutôt un petit groupe à l'intérieur du gouvernement européen. Le fait que le film puisse sortir dans un grand circuit de cinéma prouve bien que ce n'est pas qu'une pure invention. C'est un film à hurler dès qu'on est un tant soit peu démocrate, mais qui est filmé comme un thriller. La suite du film est connu et débouche sur un drame humain et le bafouage des droits humains élémentaires .. Qui a sans doute été instrumentalisé depuis par le gouvernement européen pour faire comprendre ce qu'il en coûtait de s'opposer à leurs décisions envers et contre tout...