La Méthode Will Smith... Heureusement qu'en France, nous avons eu le bon goût de renommer King Richard en La Méthode Williams, recentrant l'intérêt du biopic sur l'ensemble de la famille et non pas sur le seul personnage du père...puisque, de toute façon, Will Smith s'en charge très bien dans le film. Toujours l’œil plissé, secouant la tête et s'humectant les yeux dès que la scène devient trop complexe à jouer, Will Smith tente outrancièrement d'avoir l'Oscar, ni plus ni moins, mais décrédibilise complètement son personnage qui devient sous nos yeux un roi d'opérette (ah tiens, si... on aurait pu laisser King Richard en titre, en fin de compte). En dehors de ce très mauvais choix de casting, on trouve tout de même les jeunes actrices (toute la famille) très naturelles et convaincantes, le rythme est bon dans la première partie du biopic (jusqu'au passage à l'âge adulte, où l'on commence à trouver que le propos tourne en boucle), les parties de matches filmées en gros plans (la raquette, les pieds qui crissent, la poussière qui se dégage de la balle au moment du frapper...) sont très intelligents pour nous faire sentir (presque palper) la beauté du sport, l'idéologie du respect et du fair-play du papa (un peu extrême, parfois on a l'impression de regarder un éleveur qui entraîne ses bêtes à concours... Un brin gênant à imaginer, on vous avoue qu'on y a souvent pensé) nous fait quand même chaud au cœur dans une époque où ces valeurs se font très rares, et évidemment on ne peut que valider tous les discours (pas très finement amenés) sur le girl power et le black power. Juste après les MeToo et les Black Live Matter, on sait bien pourquoi King Richard sort maintenant, il sait qu'il ne pourra pas mieux tomber avec ses deux sœurs de couleurs qui militent pour les femmes dans le sport et le même pouvoir pour toutes les couleurs. Même si dans le fond, on est plus que d'accord, on aurait aimé que le film ne nous force pas la main à ce point (le discours engagé revient sur le tapis environ toutes les cinq minutes, prenant le pas sur l'envie de découvrir la vie des deux sœurs, notamment Serena qui passe à la trappe trop souvent, et avec des dialogues aussi fins que des bulldozers : "Il n'y a rien de plus dangereux qu'une femme qui réfléchit."). Au final, on n'aura pas compris que l'on ne recentre pas plus l'intrigue sur les deux sœurs plutôt que le papa trop présent à l'écran (et devenant répétitif), car le déséquilibre entre les sœurs est criant (Serena l'invisible...) et on brosse en quelques lignes post-génériques les faits les plus marquants des deux athlètes, ce qui est plus que dommage ! Heureusement, donc, que la première partie du film (la jeunesse des filles) est vraiment très plaisante à suivre, avec ses jeunes actrices très convaincantes, son rythme soigné et ses parties de tennis filmées amoureusement. Au-delà, il faudra avoir la patience de supporter les redites du papa tandis qu'on balaye la vie des misses en post-générique, et surtout supporter le jeu à Oscar de Will Smith. La partie n'est pas gagnée d'avance.