Le film est très agréable à suivre, réalisé avec soin et dans des paysages cévenols magnifiques. Il n’y a pas grand-chose à redire sur le travail de Caroline Vignal, son film est bien tenu, agréable à suivre et pas trop long, pas trop bavard ni trop mièvre. Même si le sujet est loin, mais alors très loin d’être original (la maitresse très éprise, l’amant fuyant, l’épouse que finalement on en quitte jamais), on s’attache très vite au personnage d’Antoinette dont on se sent immédiatement proche. Il faut dire que la délicieuse (et encore bien rare) Laure Calamy ne ménage pas sa peine, mettant dans son interprétation à la fois beaucoup d’humour et beaucoup de sincérité. On est dans une comédie mais Antoinette n’est jamais pathétique, même dans l’étrange scène d’ouverture où on découvre une maitresse d’école fantasque et un peu (trop) délurée pour être totalement crédible. Laure Calamy porte le film sur ses épaules tout comme Patrick, son âne (un peu caractériel) porte ses sacs pendant la randonnée : courageusement et jusqu’à la scène finale. C’est un personnage à part entière, cet âne à la fois têtu,
étrangement lucide
(les scènes où il « intervient » sont très drôles !) et au final, complètement craquant. C’est un binôme qui, pendant 1h40, va faire son chemin sur les chemins cévenols. Elle parle beaucoup, lui écoute patiemment et ils marchent, et marchent encore, grimpent, dévalent, se disputent, se câlinent. Au final, Antoinette partait chercher l’amour de son amant,
et c’est évidemment autre chose qu’elle trouvera.
Les seconds rôles ‘en trouvent un peu éclipsés, de Benjamin Lavernhe en amant lâche et fuyant à Olivia Côte en épouse
(aveugle ?).
Certains petits rôles sont fugaces et un peu trop sous-écrit, comme celui campé par l’impayable Marc Fraize (à qui il faudra bien un jour donner un tout premier rôle car son potentiel est gigantesque) ou encore Jean-Pierre Martins en biker. Le scénario ne brille certes pas par son originalité ou son audace, mais il fonctionne, On s’amuse de voir cette jeune citadine se lancer dans une randonnée en solo et avec un âne. C’est un ressort comique très facile et efficace : placer un néophyte dans un milieu hostile et s’amuser (un peu cruellement) à le voir galérer. Mais si le scénario n’avait proposé que cela, ça aurait été faiblard et vite ennuyeux. En fait, c’est un voyage initiatique qu’Antoinette entreprend avec Patrick,
elle ne marche pas vers un gîte puis un autre mais vers une nouvelle vie. Qu’une jeune femme se lance dans une entreprise complètement folle par amour n’a rien de surréaliste, mais le « suspens » (tout relatif, n’exagérons pas) du scénario ne réside pas dans le fait de savoir si elle va réussir à ravir Wladimir à son épouse, ni même de savoir si elle va aller au bout des 6 jours de randonnées sans se perdre, se blesser et sans jeter l’éponge. En fait, on voudrait juste qu’au bout du chemin, elle sorte tout simplement d’une spirale infernale de relations toxiques et de planches pourries. Le petit cœur d’artichaut qui bat dans sa poitrine l’a beaucoup desservi, et derrière sa malice, ses facéties et ses sourires, cette Antoinette morfle et visiblement depuis fort longtemps.
Comment ne pas se sentir en empathie, comment ne pas se sentir concernée ? C’est là-dessus surtout que le scénario fonctionne, capte l’attention et nous embarque avec lui. Après, il ne faut pas non plus exagérer et crier au chef d’œuvre. « Antoinette dans les Cévennes » est une comédie « romantique » sans prétention, elle ne prétend pas être autre chose qu’un bon moment de cinéma, touchant et sincère. Le sujet de départ est tellement « bateau » qu’il n’y avait pas matière à faire autre chose qu’un film très sympathique. Voilà, c’est tout ce qu’il est, sympathique et agréable, et ma foi, ce n’est déjà pas si mal. Et puis il aura donné l’occasion à Laure Calamy de montrer de quoi elle est capable dans un premier rôle. Dans la série « 10% » on avait deviné une comédienne à gros potentiel, après « Antoinette dans les Cévennes » on a très envie de la revoir très vite, et dans un premier rôle !