Curieux film que je suis allé voir en salle il y a déjà 6 mois. Je ne reviendrai pas ici sur la souffrance que tous les cinéphiles endurent, mais sur cette singulière comédie romantique qui met en valeur l’un des talents les plus sûrs et les plus discrets du 7ème art hexagonal : Laure CALAMY.
Je tiens à vous le dire tout de suite, je ne l’ai pas découverte dans Dix pour cent, série que je n’ai toujours pas vue, malgré les louables recommandations de mon ami Arnaud G. Je ne reviendrai pas non plus sur l’histoire, préférant m’attarder sur le personnage d’Antoinette, qui représente à mes yeux une certaine forme de féminisme, non militant mais vivant, et que je trouve significatif de ce qu’est la femme moderne. Plutôt que de représenter la femme dépendante d’un amant inconséquent, elle est celle qui se veut forte, prend les choses en main, provoque son destin pour obliger l’infidèle à prendre une vraie décision et cesser de la faire tourner en bourrique (un peu comme avec Patrick… l’âne qui lui sert de compagnon dans son périple). Car il est intéressant de constater qu’après des années de machisme présentant les maris adultères comme des héros, c’est cette fois la femme libre - un peu à l’image d’une Romy SCHNEIDER dans César et Rosalie (Claude SAUTET, 1972) qui dicter ses choix sentimentaux à deux hommes - Antoinette bouscule l’ordre des choses, pour qu’elles changent et que l’infidèle fasse un choix plutôt que de profiter de la situation « confortable » (du moins pour lui).
Il fallait bien une actrice de la trempe de Laure C pour incarner tout le panache dont fait preuve cette amante à la fois éplorée et forte. Un personnage « casse-gueule » qui aurait pu sombrer dans le pathétique. J’en veux pour preuve cette scène formidable où elle parvient enfin à rejoindre le refuge, et que les hôtes s’obstinent à vouloir lui servir à dîner alors qu’elle ne rêve de s’écrouler et/ou de repartir chez elle. Melle Calamy réussit la formidable performance de rire et pleurer en même temps, ce qui rend cette femme terriblement attachante et la sort du créneau « pathos » pour la diriger vers la tendresse. Comment ne pas s’attacher à elle après cela ?
Je m’aperçois aujourd’hui que je n’ai rien vu, ou presque, de la carrière de Laure. Vous voyez, je l’appelle Laure, un peu comme si je la connaissais. Elle a ce physique normal de la fille d’à côté, avec ses dents qui courent après le bifteck et qui lui donnent ce joli sourire particulier. Sans parler de ses yeux pétillants, pleins de vie et si expressifs ! Il faut que je revoie 9 mois ferme (Albert DUPONTEL, 2012), car je ne me souviens pas d‘elle, dans ce film que j’ai pourtant déjà visionné 3 fois au moins. Elle jouait également dans En équilibre (Denis DERCOURT, 2015). Mais là non plus : point de souvenir d’elle.
Cependant, elle m’a marqué face à Cécile DE FRANCE dans Mademoiselle de Joncquières (Emmanuel MOURET, 2018). Son rôle d’amie, tour à tour compatissante, distante et machiavélique m’a ravi. Enfin, sa prestation dans Seules les bêtes (Dominik MOLL, 2019) m’a bluffé : elle y montre des capacités dramatiques impressionnantes, tout en n’hésitant pas à se montrer, au sens propre. La scène où elle « chevauche » Damien BONNARD m’a laissé sans voix par l’audace de sa tenue, si je puis dire, mais surtout par ce qu’elle dégage : l’espoir d’être aimée en retour (déjà) par un amant qui la désire.
Eh bien, il ne me reste plus qu’à entamer Dix pour cent. Pour moi qui ne suis pas série, je suis prêt à faire l’effort… pour elle. J’attends ses prochains films, si le cinéma survit à tout cela. Et maintenant, je rêve de la voir sur scène, au théâtre, son terrain de jeu préféré, si j’en crois ses interviews. Merveilleux avenir, donc !