Librement adapté de l’affaire Medhi Meklat [collaborateur du site en ligne « Bondy Blog », de l’émission « Comme on nous parle » de Pascale Clarke sur France Inter et co-auteur du livre « Burn out » (2015)] qui avait défrayé la chronique en 2017, le film décrit, avec la précision d’un médecin légiste, l’influence des réseaux sociaux qui brûlent ce qu’ils ont adoré et rappelle aussi que ce qui est diffusé sur Internet n’est jamais oublié. C’est aussi une version moderne et proche des « Illusions perdues » de Balzac où on ne pardonne pas à Karim D. (excellent Rabah NAIT OUFELLA, tout en nuances), bien sûr, ses tweets outranciers (racistes, homophobes, antisémites et misogynes mais qui, pour lui, était du 3e degré, histoire de voir jusqu’où il pouvait aller, tout en étant de son époque où tweeter est aussi naturel que respirer) mais aussi son origine sociale, de l’autre côté du périphérique parisien (où, malheureusement, ses propos étaient pris au 1er degré par les jeunes). C’est son succès (sortie de son livre « Débarquement » où il évoque sa mère algérienne, favorablement accueilli par la critique) qui est responsable de sa chute alors que ses tweets (200 000 suiveurs) parus avant sa célébrité, sous le pseudonyme potache d’Arthur Rambo, ne choquait pas grand monde et même étaient transférés, y compris par ses proches. Bonne illustration de l’adage latin, Arx Tarpeia Capitoli proxima, il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne ! Le film n’est, ni, une illustration modernisée de « L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde » (1886) de Robert Louis Stevenson (1850-1894), allégorie de la double personnalité de chacun, écartelé entre le bien et le mal, ni une réflexion sur la différence entre l’artiste talentueux et l’homme méprisable dont l’écrivain Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) est le prototype : prix Renaudot en 1932 pour « Voyage au bout de la nuit » et dont les propos antisémites, notamment dans « Bagatelles pour un massacre » (1937) et son attitude pendant l’occupation nazie lui valurent l’emprisonnement, la confiscation de ses biens et l’indignité nationale.