Günter (Tom Dewispelaere), la quarantaine, vit seul dans un loft moderne sur les quais. Acteur de théâtre, il tient le rôle principal de la prochaine pièce et se rend chaque jour au répétition dirigé par Karl, le metteur en scène. Günter est secrètement l’amant d’Isabel, la femme de Günter, qui a fait croire à son mari qu’elle s’occupait de l’appartement de sa fille pour venir dormir chez lui. Mais Karl, alerté par Marius (Pierre Bokma), un autre acteur de la troupe – qui peine à mémoriser son rôle à cause des nuits hachés que lui fait endurer sa femme mourante – découvre la duperie.
Le cinéma néerlandais est un angle mort du cinéma européen. Je serais bien en peine de citer spontanément un seul réalisateur néerlandais, sinon peut-être Paul Verhoeven qui a quitté depuis belle lurette son pays natal et, justement, Alex van Warmerdam, dont j’avais tant aimé les premiers films ("Les Habitants" en 1992, "La Robe, et l’effet qu’elle produit chez les femmes qui la portent et les hommes qui la regardent" en 1996, "Le P’tit Tony" en 1998) avant qu’il ne disparaisse des radars.
"N° 10" – dont je me suis demandé pendant toute la projection la signification du titre – est tout bonnement son dixième film. À en croire le résumé pas très clair que j’en ai fait, il s’agit d’une comédie de mœurs au sein d’une troupe de théâtre. Mais son traitement est beaucoup plus clinique et la direction que prend le scénario beaucoup plus intrigante.
Comme "Reality" la semaine dernière – mais dans un genre radicalement différent – "N° 10" fait partie de ces films qui nous emmènent dans une destination inconnue. Par exemple, à rebours de toutes les règles qu’on enseigne dans une école de cinéma, "N° 10" commence avec Marius, un personnage secondaire, qu’on découvre pendant son petit déjeuner avec son épouse malade. C’est plus tard seulement qu’entrera en scène Günter qui s’avèrera être le héros du film.
Mais là n’est pas la principale surprise du film dont on a tout à gagner à savoir le moins possible. Elle se révèlera dans sa seconde moitié. Elle pourrait laisser, tant elle est extravagante, beaucoup de spectateurs sur le bord du chemin. Mais, qu’on y adhère ou pas, on n’oubliera pas de sitôt ce grand moment de what-the-fuckism.