Changement radical de perspective pour la cinéaste suisse Bettina Oberli qui, après l'excellent Le vent tourne, se livre à un jeu de massacre réjouissant dans Wanda, mein Wunder. Ou comment deux mondes, l'un (très) riche, à l'ouest, l'autre pauvre à l'est, s'affrontent dans une lutte qui utilise les clichés à son délicieux avantage. Au final, c'est un match nul : Pologne 1, Suisse 1, avec une vache laitière comme arbitre. Si la réalisatrice ne ménage pas les bourgeois helvètes confits dans leurs préjugés et leur opulence oisive, elle n'en est pas moins acerbe quant à la façon dont il est possible de leur soutirer quelque argent, dès lors que leur vulnérabilité en offre la possibilité à une jeune femme vénale venue d'Europe de l'est. Le film atteint son acmé dans des scènes loufoques où chacun jette sa dignité par-dessus les moulins mais, au fond, il ne cesse, malgré une certaine cruauté, à leur accorder une part d'humanité, voire de générosité. Un poil trop long, Wanda, mein Wunder réussit cependant à maintenir l'attention, par la qualité de son écriture et un casting très cohérent où brille particulièrement l'indispensable Marthe Keller, excellente en matriarche qui traverse les tempêtes sans perdre de son stoïcisme.