ATTENTION !!! Cette critique contient des spoilers et est à lire de préférence après visionnage du film.
Bonne lecture !
Kimi no suizo o tabetai, ou Je veux manger ton pancréas est un film d’animation Japonais sortie en 2018, racontant l’histoire relationnelle de deux adolescents nippons, Sakura (Lynn (voix japonaise), Emilie AUBERTOT (voix française)) une étudiante pleine de vie atteint d’une maladie mortelle au pancréas et Haruki (Mahiro TAKASUGI, Yoann BORG), un garçon réservé et bien plus intéressé par les livres que par ses camarades de classe.
Le film de Sho TSUKIKAWA, s’ouvre sur le triste enterrement de Sakura, qui ne laisse aucun doute au spectateur sur le sort final de la jeune fille. Cette première révélation nous permet de se focaliser pleinement sur le sujet du film, le développement d’une relation passionnelle entre deux adolescents.
Nous retrouvons le jeune homme à l'hôpital pour un contrôle de routine suite à une appendicite, il trouve le journal dans lequel Sakura dévoile son parcours avec la maladie. C’est maintenant que tout commence, d’abord sur le chemin du retour de l'hôpital avec une Sakura insistante, puis à la bibliothèque où ils travaillent tous les deux non sans mésentente, au bar et même jusqu’au week end au sein de la préfecture voisine ou leur complicité va entièrement s’exprimer.
La connexion de ses deux adolescents est formidable de par son contraste. Une adolescente extravertie, pleine de vie qui ne peut s'empêcher de l'exprimer, y compris à la bibliothèque, ce qui met mal à l'aise Haruki, qui préfère passer inaperçu, rester stoïque et éviter les contacts rapprochés. C’est grâce à ses nombreuses oppositions que Sakura et Haruki arrivent à créer leur relation si particulière, Sakura ne peut se confier à personne sur sa maladie par peur d'inquiéter les gens et de perdre leur contact, mais aussi parce qu’elle ne veut pas de leur pitié. Or, lorsqu’elle annonce à Haruki qu’elle va mourir la réponse du jeune homme est un bref “C’est pas de bol”. Cette apparente indifférence intrigue la jeune fille, autant qu’elle lui fait du bien, ce qui la pousse à découvrir son camarade de classe. La complémentarité des deux lycéens ne s'arrête pas là, elle est présente tout au long du film et est même subjuguée lors de scènes décisives. Lors de la première partie ”d’action ou vérité" la jeune fille est impatiente de connaître le point vue subjectif et superflu du jeune homme tandis qu’Haruki veut en apprendre plus sur la pensée philosophique de Sakura. Cette scène à l’image de beaucoup d'autres est subtilement accompagnée par les musiques de Suguru MATSUTANI qui n'exagère en rien les émotions présentes. La musique n’est pas le seul élément à sublimer le propos du film.
A l’instar d’autres films d’animation japonais tel que Your Name, les dessins sont absolument magnifiques. Les plans sont d’une beauté à couper le souffle, qu’ils soient larges au sein d’une bibliothèque avec toutes ces lignes qui dirigent le regard, en pleine nature avec un superbe feu d’artifice qui colore la scène des 7 couleurs de l’arc en ciel, ou encore serre, sur les pieds révélateur de Sakura ou un livre iconique comme Le petit prince. Les fonds sont colorés et travaillés en détail ajoutant de la profondeur ainsi que de la texture a l’image tandis que les visages des personnages sont epurés avec des traits simples mais rudement efficaces dans l’expression des différentes émotions.
Il faut noter que l'œuvre de Sho TSUKIKAWA est également une belle découverte de la société japonaise, en tant qu’occidental nous en découvrons de nombreux aspects. La pudeur sentimentale en publique, l’importance des feux d’artifices, ne pas porter de chaussures dans la maison son autant d’éléments banals au Japon qui paraissent étranges du point du vue occidental. Cette découverte est très agréable et ajoute un bagage culturel non négligeable à ce film.
Malgré ces points positifs Kimi no suizo o tabetai n’est pas parfait. Certaines séquences ont trop d’artifices qui évaporent l’ambiance pure de l’instant. Pendant la scène de la plage ou l’utilisation des flaires est abusive pour ne citer qu’un seul exemple. D’autres relations auraient sans doute pu être un peu développées, notamment celles de Haruki et Sakura avec leurs parents respectifs. Mais le plus gros défaut est au niveau des dialogues qui sont parfois trop explicites et manque de sous-texte, spécifiquement lors de moments forts. Lorsque, dans la bibliothèque, Sakura parle pour la première fois de son ressenti envers la maladie elle dit ceci “Pour moi chaque moment ou je suis en vie est un précieux cadeau […], même l'activité la plus banale me procure du plaisir”. Ces phrases sont trop explicites et manquent clairement de subtilité et de sous-entendus. Ce manque de subtilité intervient quelques fois pendant le film, et il est souvent accompagné d’une répétition dans la narration, avec un élément dit deux fois. Une première fois a l’image a l’aide du langage cinématographique, puis souligne un seconde fois en voix-off, ce qui est particulièrement désagréable.
Ces quelques points omis vous passerez un excellent moment devant ce film qui n’a rien à envier au classique des studios Gibli. Les émotions délicates de l’animé sauront j’en suis sur combler petits et grands en leur apportant émotions et reflexions !!