Ce film est sans doute l'un des meilleurs films animés que j'ai eu l'occasion de voir.
Pourtant pas très friands des animés, trouvant que c'est un monde refuge de perfection, facile, lisse, même dans la "difficulté" (tragédie), même quand ça se veut "mature". Tout sert un sens, un destin, un but, or la vie est par nature chaotique, sans sens, sans but : la véritable tragédie de la vie.
Un monde aux "coïncidences" grossières heureuses (ou malheureuses).
Ici, bien qu'on n'échappe pas à certains clichés "de perfection", le film, tiré d'un livre, tente de nous faire passer un message d'apparence naïve, alors que profondément vrai.
Ce qui compte dans la vie, c'est les autres. C'est l'amour qu'on porte aux autres, et c'est l'amour que ceux-ci portent sur nous.
Nous ne vivons qu'à travers les yeux de l'autre.
Tout le reste : confort matériel, notre emploi, notre job, notre statut social, ce que nous pouvons consommer ou non en matériel ou en expérience (services), ne sont qu'anecdotique.
Et ce n'est pas une théorie fumeuse "pseudo-philosophico-romantique", c'est profondément ancré dans notre biologie (le développement de ce sujet serait trop long pour pouvoir être posé ici, je vous renvoie au livre "Loneliness" de John T. Cacioppo et William Patrick qui traite en parti de ce sujet
Nous ne sommes presque que l'addition de nos rencontres, de nos expériences sociales, des autres.
Notre détermination, notre force, notre volonté, nous a été donnée (par des expériences positives comme négatives, "aimer et hais" comme il est dit dans le film
C'est l'idéologie individualiste, profondément ancrée aujourd'hui dans nos modes de pensées, qui nous fait croire cette vision comme naïve, comme désuète.
Prônant un individu roi, presque Dieu car démiurge, inaltérable, qui peut se réinventer en totalité, qui n'a besoin de personne, et qui ne voit les autres plus que comme des moyens pour parvenir à assouvir ses désirs (qui comptent plus que tout).
Je n'ai vu ce film qu'une seule fois, je pense le re-regarder une nouvelle fois car j'ai l'impression qu'il y a encore pas mal de choses qui m’échappent, comme des liens dont je n'aurais pas vus dans l'histoire, des dialogues que je n'aurais pas vraiment compris.
Ce film est à creusé, mais surtout à écouter.
Les protagonistes principales, le Ying et le Yang comme dit dans le film, servent parfaitement ce propos. Même le plus solitaire parmi tous, il finit par comprendre cette réalité des choses : celle que nous ne vivons qu'à travers les autres.
Ce solitaire est plutôt assez bien traité, beaucoup de solitaires se reconnaîtront en effet en lui dans la description qu'il fait de l'idée de se réfugier dans son imagination pour ce qui concernait les relations sociales.
Et la fin est plutôt surprenante pour un animé, par rapport à ma critique ci-dessus (donc gros spoil) :
La mort de l’héroïne, morte d'un "accident" alors qu'on s'attendait qu'elle meurt de son cancer dans un pathos affligeant. Puis l'après mort, car en effet le film ne se termine pas sur sa mort. Ce qui aurait rajouté au pathos.