Avis sur Sur la peau

Le titre est pour le moins étonnant, car il évoque le tactile, alors que de la peau, Anna, l'héroïne du film, ne retient que l'odeur. Son sens olfactif est surdéveloppé. Le rhinencéphale est dans l'anatomie du cerveau, la partie la plus archaïque, celle dont l'homme est prenant visage humain, c'est-à-dire en renonçant à être un quadrupède, pour devenir un bipède avec la marche debout. Cet éloignement de la terre s'est accompagné d'un refoulement de l'odorat, qui permettait de flairer ses proies, au profit de la vue. Face au traumatisme d'un viol, dont elle se réveille sans souvenirs parce que droguée, cette caractéristique singulière d'Anna va lui servir à retrouver son violeur. Son odorat va être au service de la quête de celui qui a commis l'acte inhumain. Comment la plainte de la victime d'un viol est-elle prise en compte par la police ? Question délicate traitée astucieusement. Si l'on entend le nom de Castaner scandé par des manifestants au loin, on peut se dire qu'effectivement la police gagnerait à être formée véritablement à l'accueil du dépôt de plainte de toute victime. Le tact devrait être une vertu inévitable de tout fonctionnaire de police accueillant un.e plaignant.e. Ce qui me semble aussi bien vu, c'est la manière dont nous spectateurs menons l'enquête avec Anna à coups d'indices visuels et de préjugés au travers desquels on vérifie que le violeur n'est pas celui qu'on soupçonne spontanément... Belle démonstration du fait que le viol est un crime et donc par voie de conséquence, que le violeur est un criminel.

Un film fort et intense avec de bons acteurs. On en sort différent avec beaucoup de questionnement sur le thème du viol et des rapports charnels.