Ingrid Morley-Pegge, Benjamin Dumont, Charly de Witte et Benjamin Euvrard forment un collectif de quatre auteurs, "Les Neveux à la Reine d’Angleterre". Un jour, la première a entendu parler de moniteurs de colonie qui avaient laissé partir des enfants en train sans eux. La SNCF avait été prévenue et les a bien entendu récupérés. Le réalisateur Benjamin Euvrard se rappelle :
"L’idée a germé et Ingrid a eu l'idée d'un train qui partirait sans les adultes qui, pour plusieurs raisons, n’en diraient rien... Elle a écrit l’idée originale et nous l’a proposée. Nous avons tout de suite accroché car nous avons tous des enfants que nous emmenons souvent au cinéma, et nous rions rarement des mêmes choses avec nos enfants. Aussi nous avions envie d’une comédie qui s’adresse à toutes les générations, un peu comme les films de Gérard Oury qui réconcilient tous les âges."
Le héros joué par Jérôme Commandeur est un sympathique loser qui doit se prouver pas mal de choses. Dès l'écriture, le quatuor a voulu faire vivre à leurs personnages une aventure universelle avec un enchaînement d'ennuis. Benjamin Euvrard confie :
"Benjamin est un antihéros qui dégage de la sympathie et de la bonhomie. Mais son caractère n’est pas franchement affirmé et il peut paraître faible : il se donne du mal pour faire les choses mais échoue souvent, il se noie dans un verre d’eau, il manque d’autorité, il est la cible de reproches et de moqueries... On a trouvé intéressant d’en faire un loser en apparence qui, au fond de lui, a plus de courage que n’importe qui : il accepte toutes les railleries qu’il subit, mais il est là pour son fils, pour sa femme."
Côté références, Benjamin Euvrard avait en tête Anchorman et Vive les vacances, où l'on trouve des situations folles que les personnages traversent avec une sorte de normalité : "La comédie c’est jouer des situations dingues au premier degré. Et nous avons travaillé dans ce registre, comme pour la séquence des "babos" dans le minibus, en allant de stéréotype en stéréotype."
Heureusement, Benjamin Euvrard et son équipe ont obtenu le soutien de la SNCF : "Sans son aide, nous n’aurions eu ni train, ni quai ! Quand nous leur avons envoyé le scénario, il a reçu un accueil positif. Mais le responsable du pôle cinéma voulait être assuré que le script ne serait pas remanié : il craignait que le film soit mal perçu par les contrôleurs en les présentant comme des idiots. Il a fallu le convaincre sans rien lâcher, expliquer que nous n’avions aucune intention de nous moquer mais que nos personnages de contrôleurs avaient délibérément quelque chose de hors normes."
A partir du moment où la SNCF a compris que Attention au départ ! ne véhiculait pas une mauvaise image d'elle, la célèbre compagnie française a permis au film de se faire dans les meilleures conditions. Benjamin Euvrard et son équipe ont ainsi pu accrocher à un train commercial normal trois voitures pour y tourner des scènes. Ils disposaient de 3 heures 30 par trajet entre Paris et Clermont Ferrand et ont aussi pu poser leur caméra à la Gare de l'Est. Le metteur en scène se souvient :
"Dès que la SNCF a apporté son concours, Yoann Georges, le chef décorateur, s’est rendu sur place pour examiner les voitures, fenêtres, sièges et portes parce qu’il était difficile de tourner dans les compartiments en raison du manque d'espace. Nous avons donc construit un décor pour les axes de caméra, en conservant les codes couleurs afin de conserver un certain réalisme. Nous avons élargi les couloirs de 30 centimètres, et fait de même pour les compartiments."
La musique de Attention départ ! a été conçue pour apporter une forme de folie et souligner l’aspect transgénérationnel du film avec un côté atemporel. Benjamin Euvrard voulait qu’elle soit d’inspiration tzigane, plus analogique qu’électro : "Je suis un fou de musique, mais je ne la voulais pas omniprésente, car elle ne devait jamais masquer la qualité ou les défauts d’une scène qui doit toujours fonctionner sans musique. De la même façon, elle est inutile dans les scènes d’émotions car l’émotion est là ou pas, au jeu. Il n’y a au total que 7 minutes 30 de musique originale composée avec talent et intelligence par Matthieu Gonet et les morceaux comme Blondie, vieux d’une quarantaine d’années, participent à l’expérience commune de toutes les générations."
Antoine, campé par André Dussollier, est un grand-père fantasque qui enchaîne les catastrophes : "Nous voulions avoir un bon grand-père mâtiné d’égocentrisme : Antoine prend la vie comme un jeu, sans malveillance. Il ment comme il respire pour pouvoir faire ce qu’il veut et ne s’embarrasse pas de l’avis des autres. Il lui est assez facile de paraître cool parce qu’il fait faire n’importe quoi à ses petits-enfants et qu’il n’est pas là pour les aider au quotidien ou dans leur scolarité. Pourtant, sa légèreté permet quelquefois à Benjamin de relativiser les événements", raconte Benjamin Euvrard.
Benjamin Euvrard a tourné Attention au départ ! en Cinémascope, ce qui lui a permis d’avoir des personnages au premier plan pendant que quelque chose se passe à l’arrière-plan. De plus, le cinéaste aime les gros plans comme il l'explique : "En fait, je voulais une mise en scène la plus naturaliste possible et être au premier degré parce que plus les situations que vivent les personnages sont complètement folles, plus le jeu des comédiens doit être sobre même dans les situations extrêmes : un jeu outrancier aurait basculé dans la surenchère. J’ai choisi des couleurs qui, comme la musique, donnent une image un peu désaturée, peu marquée dans le temps et qui fassent référence aux films des années 60-70. Je ne suis pas fan de l’excès de couleurs dans les comédies."