On est conciliant avec ce "dernier" de Woody Allen (on reste prudent sur le terme "dernier", puisqu'il nous a déjà fait le coup plusieurs fois, mais vu l'âge du bonhomme à présent, les deux années d'attente de ce Rifkin's Festival, et le succès médiocre qu'il obtient...). On lui accorde même une certaine poésie dans l'hommage aux grands noms du cinéma de la Nouvelle Vague (Truffaut, Godard, et compagnie...), là où d'autres cinéphiles vont crier au plagiat, au pompage, à la réappropriation sans idée (et on ne les blâmera pas, on y a pensé un peu parfois...). On préfèrera y voir l'exploration poétisée des doutes du personnage principal, un écho à peine voilé de Woody Allen (comme bien souvent avec ses premiers personnages), qui doute de tout, de l'amour qu'on lui porte, de perdre ceux qu'il aime en retour, qui aime flâner dans la ville (de San Sebastian, magnifique) en parlant aux inconnus du temps qui passe... Il y a une certaine nonchalance agréable chez cet époux bavard, en mal d'attention, qui s'oppose à tout le tumulte hypocrite, à tous les apparats du festival de cinéma où il erre comme un spectateur désabusé (une critique du gratin qu'Allen adore détester, de notre côté on commence à avoir trop l'habitude de cette rengaine contre le cliché du réalisateur imbu de lui-même et des vedettes qui aiment s'écouter parler...). Côté casting, on reste bien servi : Wallace Shawn est évidemment très bon, suivi de Louis Garrel (pour une fois que tirer la tronche est ce qu'on demande au rôle), Enrique Arce (oui "Arturo de La Casa de Papel !", on a des références qui volent haut...), Christophe Waltz (dont la scénette du Septième Seau nous a bien fait rire). Si l'on a la chance de connaitre les modèles originaux des films repris (on a reconnu Jules et Jim, A Bout de Souffle, Le Septième Seau, Citizen Kane, et Huit et demi), les références fonctionnent, on s'amuse, surtout dans la première heure, mais force est de constater qu'on s'en lasse vite. En revanche, on a carrément subi la dernière demi-heure, infernale de mollesse et d'ennui, la surprise du référencement en noir et blanc étant épuisée, les scènes étant trop nombreuses (un peu moins d'une dizaine, qui durent chacune quelques minutes, sur un film d'à peine 90 minutes, il ne reste pas grand-chose au film propre à Allen...), les histoires d'amour s'étiolant chacune lentement, très lentement... Quelques spectateurs, âgés pour la plupart, ne cachaient plus leur impatience dans cette dernière ligne droite, nous-même reluquant le cadran de la montre à répétition. Dommage qu'on se soit tant ennuyé sur la fin, car la première heure nous a coulé dans son histoire d'errance sympathique, dans sa critique (ultra-répétitive, mais toujours cohérente) du gratin des festivals, dans la psycho de son personnage principal attachant. Une conclusion de carrière qui n'est pas du tout à la hauteur de son auteur, pas le chant du cygne espéré.