Le cinéaste peu connu Thomas Bezucha, dont le seul fait d’armes connu au cinéma date d’il y a quinze ans (la comédie de Noël « Esprit de famille » avec Sarah Jessica Parker), reforme le couple des parents adoptifs de Superman dans le DC Universe. En l’occurrence Diane Lane et Kevin Costner, dont la complémentarité n’est plus à démontrer et qui le confirment dans « L’Un des nôtres ». Ils sont au diapason et font pour beaucoup dans la réussite de ce film à l’ancienne qu’il sera difficile de faire rentrer dans un genre. Nous sommes dans une œuvre qui prend son temps, entre drame, suspense, polar et un peu de western au vu du contexte. Dans tous les cas, c’est un film rare et unique dans le paysage cinématographique actuel qui semble tout droit sorti des années 70 ou 80 tant il est à rebours des modes actuelles et c’est tant mieux.
Bezucha a d’ailleurs situé son film dans ces années-là car l’histoire ne fonctionnerait pas de la même manière aujourd’hui, ce qui lui permet une reconstitution sobre mais appliquée de l’époque. Il filme également les grandes étendues du Nord des États-Unis avec un beau sens de l’esthétique, les immenses paysages du Dakota du Nord et du Montana semblant écrasés par le ciel et l’horizon sans fin, interminable. Il y a donc du goût au niveau du visuel et la photographie et la patine de « L’Un des nôtres » en font un film complètement rétro et vintage, presque nostalgique. Les notes de musique discrètes et les silences ajoutent à cette ambiance particulière d’un monde à l’ancienne qui n’est plus. On est très loin de tous les canons du genre actuels en termes de cinéma, de façon de filmer et de rythme. « L’Un des nôtres » fait office d’œuvre crépusculaire.
Le scénario est assez simple mais la manière dont il est traité ainsi que la psychologie des personnages, bien fouillée et qu’on prend le temps d’installer, densifient le propos de manière à le rendre captivant. Même si le long-métrage peut sembler un tantinet lent, l’image capte le regard du début à la fin et on est vraiment pris dans ce suspense qui monte doucement. On alterne émotion et tension dans un équilibre parfait ici. Les protagonistes, leurs motivations et leur deuil nous touchent, merci au couple vedette vraiment bien associé et à leur jeu toute en retenue mais complice. Puis, lorsque vient le moment des confrontations, notre attention est au plus haut. Celles-ci sont rares, au nombre de trois, mais la tension monte crescendo et, ici, on a le bon goût de ne jamais aller dans l’excès ou la surenchère. « L’Un des nôtres » est une vraie bobine à l’ancienne, passéiste et presque minimaliste. Comme le chant du cygne d’une époque, de plusieurs genres et de deux acteurs en état de grâce. Pas inoubliable mais tout à fait plaisant et rare.
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