Le conflit israélo-palestinien, parce qu'il est aussi bien tragique qu'absurde ou inextricable, peut être montré de bien des manières, ce que le cinéma de la région ne cesse de faire, avec souvent bien du talent et de l'originalité. C'est le cas pour Il y eut un matin où Eran Kolirin retrouve un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis La visite de la fanfare. Dans la description d'un village palestinien soudainement isolé par un barrage de l'armée israélienne, le film s'intéresse avec une gravité mélangée d'ironie à un territoire préoccupé : par les coupures de courant, l'absence de réseau téléphonique, la pénurie de vivres, etc. C'est un moment charnière qui révèle aussi des crise latentes : de couple ou de famille ou encore entre des populations arabes aux intérêts divergents : profiteurs, modérés ou même illégaux. Ce petit monde en autarcie, Kolirin le scrute avec une certaine tendresse mais n'épargne pas les mauvais comportements. Mais, au-delà de ce village, c'est tout un système d'exploitation et d'ostracisme que pointe le film. Ce n'est pas nouveau, peut-être, le cinéma palestinien ne se privant pas de la rappeler mais Et il y eut un matin est un film sous bannière israélienne et par là même, sacrément courageux. Présenté au festival du film de Haifa en septembre 2021, il représente officiellement Israël aux Oscars 2022. On ne peut qu'applaudir.