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FaRem
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3,0
Publiée le 24 décembre 2022
"Nebesa" est composé de trois histoires qui se présentent davantage sous la forme de chapitres avec des liens entre eux et des personnages en commun plutôt que comme des segments qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. On commence avec "Sin" qui se déroule en 1993 et raconte l'histoire de Stojan, un homme bon que l'on peut qualifier de saint jusqu'au jour où il se retrouve avec une auréole au-dessus de la tête. Ne voulant pas de ça pour des raisons pratiques et religieuses, il essaie de trouver une solution pour s'en débarrasser et sa femme Nada lui conseille de pécher. Une introduction réussie avec une partie irrévérencieuse, provocante et même absurde. On enchaine avec "Grâce" en 2001 avec un attardé mental prénommé Gojko qui est condamné à mort après avoir commis le pire après avoir cru que Saint Petka communiquait avec lui par la sonnerie d'un téléphone. Un deuxième chapitre qui évoque beaucoup de choses, mais qui est moins abouti. On termine avec "The Golden Calf" en 2026 où des gens deviennent obsédés par les peintures d'un peintre, car ces dernières ont une particularité. Une conclusion satisfaisante qui est un bon condensé de tout ce que le film a à offrir en termes de satire sociale et de métaphores sur la foi et la religion. Finalement, la structure du film est intelligente avec cette évolution des membres de cette famille que l'on prend plaisir à découvrir et redécouvrir au fil des époques. Ce n'est pas percutant et toujours pertinent, mais cette comédie noire qui est de plus en plus sombre et extrême est pas mal.
Nebesa (Paradis), du cinéaste serbe Srđan Dragojević, a été coproduit par 6 pays de l'ex-Yougoslavie, ce qui doit constituer une première. Le réalisateur, loin d'être inconnu, a notamment signé une farce pas spécialement réussie, La Parade, et d'autres films, historiques ou non, plus convaincants. Nebesa, présenté à Locarno en 2021, se positionne comme une sorte de fresque familiale de 2h00, de 1993 à 2026, qui démarre comme Affreux, sales et méchants et se termine comme The Square, à quelque chose près. L'argument de départ est absurde (un homme qui se voit affublé d'une auréole de saint, lumineuse comme un néon) est plutôt bien exploité par un scénario qui se love avec délectation dans la veine de la comédie noire. Les deux parties suivantes sont moins drôles, voire tragiques, censées représenter l'évolution de l'ex-Yougoslavie, du communisme vers le capitalisme et le christianisme. La religion semble véritablement la cible du cinéaste mais ce n'est pas sa démonstration qui tient en éveil mais bien les ressources d'un récit imprévisible qui ne recule devant aucun délire surréaliste. De fait, Srđan Dragojević s'est inspiré de trois nouvelles de Marcel Aymé mais il n'est pas certain que ses lecteurs puissent retrouver lesquelles. Qu'importe, malgré ses outrances et l'intérêt inégal qu'il suscite, selon ses différents chapitres, Nebesa a réellement quelque chose à nous dire sur les Balkans et, partant, aussi sur le monde dans lequel nous vivons. Si Ruben Östlund et Emir Kusturica l'ont vu, il y a fort à parier qu'ils aient apprécié.
Ca fait du bien de voir un film imprévisible, avec de bon acteurs, drôle et cruel. En deux heures on voyage bien plus que dans la plupart des films actuels.