Parfois, et malgré le supplice qu'avait été le premier visionnage, je me dis qu'il faudrait retenter « Séraphine » tant j'ai (relativement) apprécié les films suivants de Martin Provost. « La Bonne Épouse » rentre également dans cette logique, non sans quelques vraies réserves. D'ailleurs, j'avoue être assez embêté pour écrire une critique sur ce titre. D'un côté, je suis loin d'avoir passé un mauvais moment, la mise en scène surannée de Provost, notamment à travers la photographie, les couleurs, l'écriture, donnant un réel charme à l'entreprise, voir que de telles écoles pouvaient exister (en gros, comment devenir une parfaite ménagère totalement soumise aux désirs de son mari) accentuant l'aspect « old school », le récit se déroulant juste avant les événements de Mai 68, dont l'influence sera évidemment grande dans son évolution. Enfin, rarement tendre sur la nouvelle génération de comédiens, bravo pour ce casting de jeunes talents où toutes les « élèves » se révèlent excellemment choisies : elles sont le rayon de soleil de cette comédie (mention spéciale à Marie Zabukovec et Lily Taieb). De l'autre, je ne parviens pas à être emballé, au point d'être même un peu crispé parfois. Est-ce dû au surjeu de Juliette Binoche, heureusement bien plus convaincante lorsque délivrée du patriarcat qu'en parfaite conservatrice consentante ? À moins que ce ne soit le côté finalement assez prévisible du récit, accentué par le
renversement total et sans réelle raison
des trois femmes fortes de l'entreprise ? Certes, il y a bien le charmant Édouard Baer pour expliquer le revirement de notre héroïne, mais cela reste un peu court. Enfin, pour le coup cela a beau être vraiment surprenant, ce final « libéré » en mode
comédie musicale façon Jacques Demy
, je ne l'ai trouvé ni pertinent, ni réussi : franchement, il y avait forcément meilleur moyen de faire l'éloge de l'émancipation des femmes que cette
chorégraphie
pour le moins maladroite... Bref, une entreprise plutôt sympathique pour un résultat « à l'ancienne », malheureusement plombée par quelques défauts diminuant en partie son intérêt. Dommage.