Un début qui inquiète : d'entrée de jeu, la scène à la mode qui pollue beaucoup trop de films depuis plusieurs années, des corps qui se trémoussent dans une ambiance bleutée sur fond de musique électronique. Heureusement, cela ne dure pas ! Toutefois, on retrouvera une scène similaire au mitant du film et là, oh surprise, pour 2 raisons, on appréciera cette scène. Tout d'abord, parce que, comme le reste du film, elle est filmée avec beaucoup de grâce et de délicatesse, ensuite parce qu'elle a un intérêt important dans le déroulement de l'histoire. Une histoire très simple, mais pas "trop simple" : un couple qui ne peut pas avoir d'enfant, ils vont acheter l'enfant de Lena, une jeune polonaise, et, pour faciliter l'acquisition face à la loi italienne, ils paient Emmano, un jeune voyou, voleur de scooters et amateur de machines à sous tout en étant le neveu du mari, pour qu'il devienne provisoirement, jusqu'à la naissance, le compagnon de Lena et le père officiel du bébé. Il ne faut pas s'inquiéter de se frotter au mutisme de Lena et de Emmano, amené.e.s à vivre dans un même appartement, à leur mal-être, à l'évolution de leurs comportements que ce soit entre eux ou avec le bébé : le réalisateur excelle pour instiller de la tension dans toutes les scènes et il est aidé en cela par le choix du format 4:3 qui permet une meilleure concentration sur les personnages et, surtout, par l'absence presque totale de musique d'accompagnement, ce qui renforce le côté abrupt du film. Si le rôle de Lena est interprété par une comédienne professionnelle, celui d'Emmano est tenu par un débutant que le réalisateur a trouvé dans une école professionnelle. Très bien dirigés, ils dégagent parfaitement un mélange mélancolique de douceur et de dureté. Ce premier long métrage de Carlo Sironi, ce film très fin sur la jeunesse, sur la maternité et sur la paternité, a été très bien reçu dans de nombreux festivals et le réalisateur n'est pas peu fier d'avoir été adoubé par Paolo Taviani.