Mais quel navet ! Comment Spike Lee a-t-il pu réaliser pareil film ? 4 vétérans afro-américains retournent au Vietnam 40 ans plus tard pour y rechercher la sépulture de leur chef d'unité et un hypothétique trésor enfoui.
Au delà de son histoire simpliste, de son avalanche de clichés notamment sur l'Asie du Sud Est, ce film est avant tout un modèle de l'inculture nord américaine érigé en "way of life", et honnêtement, je ne m'attendais pas à ça de la part de Spike Lee qui nous a habitué à être très juste historiquement et très fin dans ses analyses et ses messages. Ici c'est tout l'inverse. On voit l'inculture de "l'américain" à l'étranger, celui qui se comporte en leader d'opinion, qui découvre des cultures qui ne se donnent même pas la peine et le temps de comprendre et qu'il considère primitives car différentes de la sienne. L'inculture du réalisateur ensuite, qui fait dire des inepties historiques à Jean Réno (qui a été bien idiot d'accepter) et qui arrive à positionner Mélanie Laurent née en 1983, en fille toute contrite d'un méchant papa colon, qui a quitté l'Indochine en 1954 !! Il n'est pas interdit d'ouvrir un livre d'histoire ou de changer une ligne au scénario pour transformer le père de Mélanie Laurent en grand-père plus crédible. Et puis c'est mal joué, mal fait. Les flashbacks des scènes de combats sont minimalistes. Déjà, pourquoi avoir choisi de conserver les mêmes acteurs à 40 ans d'écart ? Certes, c'est un parti pris mais on s'y perd un peu. Et puis, ces souvenirs ressemblent à ceux d'un Chuck Norris dans un mauvais Walker, le GI, luisant de sueur, devant un pauvre fumigène planqué derrière une fausse carcasse de jeep, c'est pathétique, tout comme le clin d'oeil à Apocalypse Now avec la Chevauchée des Walkyries. D'ailleurs il aurait été préférable que Spike Lee s'inspire d'autres choses d'Apocalypse Now. La scène entre les vétérans et Jean Réno est, dans son propos, l'exacte opposée de celle où Christian Marquand explique à un Martin Sheen médusé le rôle ambigüe des USA pendant la guerre d'Indochine et comment ils seront, quoiqu'il arrive, amenés à quitter le Vietnam. Et pour une fois, Spike Lee se perd également dans son message. Les blancs ne sont pas restés planqués au pays pendant que les noirs se faisaient tuer. 80% des soldats étaient blancs et ce qui les unissaient aux noirs étaient leurs origines sociales pauvres et leurs manque d'instruction. Quand la priorité d'un film est d'en faire un divertissement, on peut aisément faire des concessions, mais quand la priorité est le message politique, alors on se doit d'être juste sinon on dessert la cause, et c'est exactement ce qui se passe avec Da 5 Bloods. Spike Lee veut dénoncer le Trumpiste à travers l'un de ses personnages, mais son sujet est si mal documenté qu'il ferait passer Trump pour un agrégé d'histoire. Il ne se rend pas compte que son film est l'un des pires clichés d'un cinéma américain totalement aculturé. Je vais être provoquant, mais tous ceux, et il y en a beaucoup chez les professionnels, qui ont aimé ce film, manquent cruellement de culture et de discernement. Je préfère rester sur mes bonnes impressions des Spike Lee précédents et oublier celui-ci.