5,0
Publiée le 8 juin 2021
La vie de nomades, si certains la choisissent, d’autres pas vraiment et en subissent les aléas. Parcourant l’Ouest américain à bord de son vieux van aménagé (dont le splendide mais méconnu parc national des Badlands dans l’Etat du Dakota du Sud), Fern tente de survivre à une certaine détresse économique en faisant de petits mais parfois pénibles boulots ici et là. Voilà un film qui ne ment pas et qui n’édulcore nullement la vérité. Un film vrai, fort, bouleversant sur un mode de vie mais surtout sur une réalité sociale dramatique, dont les images et la musique viennent subtilement souligner de ses magnifiques prises de vues et de ses belles notes toute l’émotion du moment. Avec un regard profondément humain, Chloé Zhao s’immisce au sein d’une communauté dite "sans maison" dont la majorité interprète leur propre rôle et donne la possibilité à Frances McDormand de démontrer (mais cela est-il encore vraiment nécessaire ?) qu’elle est une immense actrice. N’ayant volé aucune des nombreuses récompenses qu’il a glané un peu partout, « Nomadland » est un très beau film qui touche au cœur. Personnellement, j’appelle ça un chef d’œuvre.
5,0
Publiée le 14 juin 2021
Tous les films de Chloé Zhao possèdent plusieurs qualités en commun : une extrême attention aux protagonistes, une connexion à la nature qu'elle partage avec peu de cinéastes, et une mise en scène souple et déliée.

Le résultat est ici tout à fait convaincant, comme l'étaient ses deux premiers films. Je craignais que sa collaboration avec une actrice de la renommée de Frances McDormand nuise aux qualités quasi-documentaires de son travail, mais il n'en rien. L'actrice multi-oscarisée se fond avec un naturel stupéfiant au milieu d'un casting où les personnages jouent leur propre rôle.

Le résultat est d'une humanité rare. Le moindre geste d'attention (offrir un briquet, toucher la main, partager un feu) prend des proportions de sainteté, alors que la descente vers le Sud des Etat-Unis se transforme en une sorte d'épiphanie des marges.

Bien sûr le film montre la pauvreté en lisière du rêve américain, comme le faisaient ceux de Chaplin et de Ford, et certains le verront probablement principalement sous cet angle, mais il est aussi (et pour moi surtout) une formidable ode à la liberté absolue, entre grâce et dénuement, trivial et sublime.

La mise en scène de Zhao est confondante de beauté, enchaînant travellings inspirés, montage rythmé et gros plans émouvants, le tout dans des tonalités bleutées et grisâtres.

Nomadland mérite tous ses prix, mais il est plus qu'un gagnant, il est un passeur.
5,0
Publiée le 10 juin 2021
A la suite de la fermeture de son emploi et de la mort de son mari, une femme quitte sa maison et parcours les USA avec son camion aménagé. Sur sa route, elle va cumuler les jobs et les rencontres.
J'avais peur en regardant ce film de tomber sur encore un film social et larmoyant. Si l'émotion est présente, je retiens surtout les rencontres, la dignité de cette femme et son jeu tout en intériorité, la beauté et la majesté des paysages.
C'est un film un peu nostalgique et contemplatif sur des hommes et des femmes qui ont choisi une vie différente.
5,0
Publiée le 4 octobre 2021
Chloé Zhao a réalisé une oeuvre magistrale, tant par l'histoire qu'elle raconte que par ses choix de mise-en-scène. L'histoire, simple, universelle, est celle d'une femme frappée par le deuil et la précarisation sociale ; elle est dès lors amenée à s'interroger sur le sens de sa vie. Frances Mc Dormand est peu loquace et c'est au spectateur de l'observer de réfléchit pour comprendre sa transformation psychique. Le camping-car est l'autre protagoniste de cette histoire. Il ne traverse pas seulement les routes américaines mais nous transporte aussi hors de la ville, hors du temps, hors du confort matériel, en quête de l'essentiel. Un road-movie existentialiste. Le génie de la réalisation de Chloé Zhao est d'avoir su créer un film à cheval entre la fiction et le documentaire en faisant jouer de vrais personnes parmi les quelques acteurs professionnels. Cela aboutit à un ultra-réalisme qui porte le spectateur au coeur de l'histoire et de cette quête métaphysique. Grandiose.
5,0
Publiée le 9 juin 2021
Nous sommes plongé dans l'Amérique, un film réalisant la réalité de dur personne aujourd'hui. Le film étant poignant, dur est triste. Magnifique et surtout ont ressort bouche B.
A voir sans hésitation !
5,0
Publiée le 14 juin 2021
On connait surtout un cinéma américain qui fait du spectacle sa matière première. Ici, c'est un cinéma feutré, un cinéma des petites gens, un cinéma qui va à la rencontre des quelques milliers d'invisibles qui colorent les Etats-Unis. Fern a perdu son mari. Elle a perdu la ville aussi où elle avait choisi de vivre son union. Car la crise 2008 est arrivée, avec son lot de fermetures d'usines, de désertions d'habitations bradées à des financiers peu scrupuleux, et cette masse de gens simples qui se retrouvent privés de logements et de boulots fixes. Voilà à peu près le destin de Fern qui faute de mieux, va à la rencontre des jobs précaires avec son van aménagé. Elle traverse les routes désertiques, les villes fantômes, et se pose pour quelques jours ou semaines sur des parkings aménagés pour les voyageurs.

La très grande surprise du film demeure la mise en scène d'une communauté de voyageurs, essentiellement composée de seniors. La réalisatrice talentueuse nous montre un univers social totalement atypique. On sait que la France est un rare pays où les retraités peuvent survivre avec leur pension. Ce n'est pas le cas des Etats-Unis où les gens de peu doivent continuer de travailler. Chloé Zao invite le spectateur dans ce monde bigarré, souvent jovial, où la débrouille, le troc, et la solidarité sont les pierres angulaires de leur culture. Fern intègre peu à peu cette communauté.

"Nomadland"; c'est d'abord l'immense comédienne Frances McDormand, qui habite d'un bout à l'autre ce récit tout autant aérien que spirituel. La caméra accompagne la comédienne au milieu de ce peuple de fugitifs, comme si elle avait toute sa vie partagé cette vie-là. Le film ne cède jamais à la compassion ou au cynisme. Il tient lieu d'une sorte de balade anthropologique , sensible et magnifique.
5,0
Publiée le 14 juin 2021
Oeuvre d'art équilibriste : entre mélancolie et espoir, entre majestueux et miséreux, entre description et dénonciation, entre quête de sens et mektoub et une Mc Donald entre justesse et performance, Nomadland questionne le rapport à la vie, à son sens, à sa fin, dans les deux sens du terme. Paysages sublimes et laissés pour compte fascinants, à la manière d'un American Honey ou d'un Florida Project, on se délecte de cette Amérique anti-Hollywoodienne, on s'enrichit de cette réflexion sur les (anti)-héros américains que ne renieraient pas Clint Eastwood, qui a sûrement dû déjà apprécié comme nous le précédent opus de Zhao : the Rider. Allez garer votre van devant le ciné : vous ne le regretterez pas !
5,0
Publiée le 31 mars 2022
Un chef-d'œuvre, film magistral d'une surdouée du cinéma, Chloé Zhao. Un road movie au sens propre du terme, film-vérité plus que documentaire, film sensible qui vous touche au cœur, qui serre la gorge mais sans complaisance, film intelligent qui montre sans vouloir démontrer. On est prisonnier d'une douce mélancolie, émerveillé pas les grands espaces superbement mis en valeur, admiratif devant le jeu authentique des figurants (nombreux) et de Frances McDormand qui confirme son statut d'élite du cinéma mondial. On est dans les États-Unis sans cliché, loin de Wall Street ou Hollywood, des États-Unis bien fragiles et qui vous touchent au cœur. Voilà un film qui n'a pas volé sa kyrielle de victoires dont 3 Oscars… mais rien à Cannes !
5,0
Publiée le 16 juin 2021
Nomadland raconte l'histoire de ces nouveaux nomades que les crises économiques ont jetés sur les routes, de ces personnes exclues du mirage capitaliste, ces petites mains de l'ultra-libéralisme qui naviguent d'un état à l'autre en fonction des récoltes de betteraves et de pommes de terre. Où pour répondre aux demandes de mains-d'œuvre ponctuelles d'Amazon qui cyniquement leur "offre" un endroit pour garer leurs camionnettes aménagées pour mieux les en chasser une fois que les fêtes consuméristes sont passées et les colis envoyés. Comme à chacun de ses films Chloé Zhao orchestre sa mise en scène sur un fil ténu entre fiction et documentaire, Frances Mc Dormand jouant sa partition au milieu de "vrais gens" dont on partage l'histoire, et elle est exceptionnelle. Nomadland est très émouvant, sans jamais sombrer dans le pathos, le parcours de vie de ces personnes marginalisées est souvent difficile mais aucun système économique, même le plus pourri soit-il, ne pourra jamais tuer l'entraide et les moments de joie et de partage qui existent entre eux. Sur le terreau de la précarité nait même un sentiment de liberté absolue où l'important n'est pas ce que l'on a mais ce que l'on est, où l'on ne dit jamais "adieu" aux gens que l'on croise mais toujours "à plus tard". Avec la beauté vertigineuse des paysages américains, le piano discret de Ludovic Einaudi, la mise en scène sensorielle, naturaliste et surtout fabuleuse de Chloé Zhao, l'interprétation magistrale de tous ses protagonistes, Nomadland atteint la perfection et marquera durablement. Un film magnifique sur ceux qui sont partis sur les routes où partis pour de bon....à voir absolument.
Update du 16/06/21 (après l'avoir vu sur grand écran)
Cocteau disait qu'un Chef D'Oeuvre est une bataille gagnée contre la mort. Avec Nomadland Chloé Zhao gagne les batailles passées, présentes et à venir, annihile la mort et devient éternelle. Tout le monde n'aimera pas ce film et tant mieux les trésors ne sont pas faits pour être partagés.
5,0
Publiée le 27 juin 2023
Film bouleversant sans tomber dans le patho. Interprétation de frances Mac Dormans juste. Oscar grandement mérité.
Un chef d’œuvre ..
5,0
Publiée le 10 juin 2021
Nomadland est une baffe cinématographique. Une femme ruinée décide d'adopter le mode de vie nomade, en vivant dans un van et en sillonant le magnifique continent nord-américain. Chloé Zhao, la réalisatrice, a la bonne idée d'entourer la fabuleuse Frances McDormand de véritables nomades, dont les histoires hérissent les poils. Le traitement de l'image, les paysages grandioses et la musique de Ludovico Einaudi sont superbes, dignes d'un Terrence Mallick. Après son déjà très réussi Les Chansons que mes frères m'ont apprises, elle met une pierre de plus au bel édifice de sa carrière et nous fait, en un mot, voyager.
5,0
Publiée le 19 juin 2021
Un bijou, une réussite... Film magnifique et très justement récompensé.
Une dure réalité figurée par une Frances McDormand au sommet où se mêlent la beauté et la cruauté de l'humanité.
5,0
Publiée le 18 juin 2021
Nomadland

L’autre rêve américain… celui de la fraternité

J’avais découvert, comme beaucoup la chinoise Chloé Zhao, en 2017, avec un drame étonnant, The Rider. Avec ses 108 minutes – dont on aimerait qu’elles ne s’arrêtent jamais -, de road-movie, elle touche, non seulement 3 fois sa cible avec les Oscars de meilleure réalisatrice, meilleure actrice et meilleur film, mais aussi les cœurs par la simplicité et une sensibilité de chaque instant. Après l’effondrement économique de la cité ouvrière du Nevada où elle vivait, Fern décide de prendre la route à bord de son van aménagé et d’adopter une vie de nomade des temps modernes, en rupture avec les standards de la société actuelle, dans les vastes étendues de l’Ouest américain. Entre Terence Malick et Ken Loach, ce pur chef d’œuvre est à voir de toute urgence. Une leçon magistrale qui fait du bien.
L'intrigue est tirée du livre Nomadland : Surviving America in the Twenty-First Century écrit par la journaliste Jessica Bruder, et publié en 2017. Pendant longtemps, elle a suivi plusieurs seniors devenus précaires (suite à la crise financière de 2008) ayant décidé de partir à la recherche de petits boulots, à bord de mini-vans. De son côté, Pour se préparer à son rôle, Frances McDormand a réellement vécu dans une camionnette pendant quatre à cinq mois et s'est déplacée à travers sept Etats des Etats-Unis. Et elle a réellement travaillé aux côtés de vrais ouvriers d’un centre de traitement des commandes chez Amazon, dans une usine sucrière, dans la cafétéria d’un parc touristique et en tant que responsable de camping dans un parc national. 6 mois d’un tournage qui s’est déplacé du Dakota à l’Arizona en passant par le Nevada, le Nebraska et la Californie. Ce merveilleux film a reçu le Lion d'or à Venise en 2020, deux Golden Globes et quatre BAFTA avant ses trois Oscars. Il dérange jusqu’en Chine où on a minoré ses récompenses, la réalisatrice n’y étant pas en odeur de sainteté, depuis qu’elle a parlé d'un pays où le mensonge était partout. Je ne veux pas trop en dire sur le film lui-même et vous le lisser découvrir comme je l’ai fait. Une merveille où poésie, mélancolie, quiétude et lyrisme tranquille se mêlent dans cet ode aux laissés pour compte de l’Amérique dans un film poignant et intense, mais qui sait éviter tout pathos et tout misérabilisme. Incontournable.
Après Three Bilboards, - qui lui vaut son deuxième Oscar -, l’extraordinaire Frances McDormand, que je suis avec délectation depuis 1996 et le Fargo des Frères Coen – elle est l’épouse d’Ethan -, son 1er Oscar de la meilleure actrice, récidive dans ce qui s’est fait de mieux sur nos écrans orphelins cette année. De vrais nomades incarnent les camarades et mentors de Fern et l’accompagnent dans sa découverte comme David Strathairn, Gay DeForest, Linda May… j’aurais aimé tous les citer tant ils sont justes et bouleversants, car ils s’avèrent l’un des points les plus forts de cette errance du quotidien. Quand on pense que le prochain film de Chloé Zhao – qui est seulement la deuxième femme, après Kathryn Bigelow, à avoir décroché l'Oscar de la meilleure réalisation -,.est un blockbuster des Marvels, Eternals – à sortir en novembre prochain -, on mesure non seulement son éclectisme mais aussi la reconnaissance d’Hollywood pour son immense talent. Pour elle, j’irai voir un film de super-héros. Mais, n’oublions pas qu’à sa manière, ce magnifique Nomadland est aussi une sorte de film de super-héros. Ceux de la misère et de la fraternité. Bouleversant.
5,0
Publiée le 15 novembre 2024
Nomadland est une œuvre profondément humaine et émouvante, réalisée avec une sensibilité rare par Chloé Zhao. Le film, porté par une Frances McDormand exceptionnelle, nous plonge dans l’univers des nomades modernes aux États-Unis, capturant avec une sincérité déchirante la vie en marge de la société.

La photographie est sublime, chaque paysage est magnifié par des plans larges qui transmettent à la fois l’immensité de la nature et la solitude des personnages. Zhao a su capter la beauté brute de ces espaces ouverts, en les rendant à la fois inspirants et mélancoliques. L’originalité de Nomadland réside dans sa capacité à mêler fiction et documentaire, donnant à chaque scène une authenticité touchante, d’autant plus renforcée par les performances naturelles des vrais nomades qui partagent leur vie à l’écran.

La bande sonore, discrète mais envoûtante, accompagne parfaitement l’histoire et accentue la sensation de liberté et de mélancolie qui habite le film. L’approche contemplative de Zhao, sans précipitation ni artifices, permet de savourer chaque moment et de s’attacher profondément aux personnages et à leur parcours.

Nomadland est bien plus qu’un film, c’est un voyage introspectif et poétique qui explore la résilience, l’indépendance et la beauté des petites choses. Chloé Zhao signe ici un chef-d’œuvre qui restera gravé dans les mémoires.
5,0
Publiée le 17 octobre 2022
Tout simplement superbe. Plongée dans l'Amérique profonde, ses paysages et ses gens. Une interprétation grandiose de Frances McDormand.
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