Ce film a des faiblesses assez remarquables : le jeu des acteurs est fragile (en-dehors des "e-compagnons"), certains dialogues sont vraiment mal écrits ; on frôle à plusieurs reprises la série B.
Et pourtant, j'ai beaucoup aimé, parce que c'est très souvent un film beau, dérangeant, et intelligent, il tient la route avec ses faiblesses et ses naïvetés, il cahote sans rompre. La deuxième scène est vraiment bonne : un dialogue entre un mari et sa femme qui ne s'écoutent qu'à moitié, une réponse arrive avec trois répliques de retard, ça semble parfois absurde, en fait on n'arrive pas à les suivre ; et la science-fiction est là : ces deux êtres ont évolué par rapport à nous. Au bout de décennies d'écrans sous les yeux quasi en permanence, les cervelles ont commencé à griller. Cet aspect sera malheureusement trop explicité vers la fin du film, mais comme c'est bien vu, ce n'est pas si gênant : le problème, ce n'est pas l'arrivée des robots dans nos vies ; c'est que nous devenons nous-mêmes des machines sans âme.
Cela m'amène à ce que j'ai trouvé beau et troublant dans l'image (même si parfois maladroit) : si les "e-compagnons" sont des espèces de poupées brillantes et troublantes de réalisme ; les humains ressemblent eux-mêmes à des machines, et parlent comme elles. (La scène de la prophète des jus de fruit détox destinés à sauver l'humanité, parmi de nombreuses autres...).
Il y aurait d'autres choses à dire : le film est bien documenté, la première scène correspond aux techniques de fabrication de l'entreprise Abyss Creations (Realdoll) (en fait, ces sexbots existent déjà, intelligence artificielle incluse, seul le degré de perfection du film n'est pas encore atteint ; les yeux, la fluidité des mouvements sont deux obstacles majeurs qui existent encore, mais pour combien de temps ? ); le réalisateur essaie d'imaginer les différentes réactions face à ces robots sexuels ; il nous montre des humains largués en termes de compétition sexuelle face à des machines parfaites...
Bref, un film solide malgré ses faiblesses, je trouve.