J'ai très longuement hésité à le regarder : au début je ne voulais pas, et puis quelques critiques étonnamment positives m'ont fait douter, ma curiosité malsaine n'y étant, soyons honnêtes, probablement pas étrangère non plus. Au final, que vous dire. C'est long. Trop. Et encore, je n'ai vu la version « que » de trois heures, et je dois vous avouer que je ne sais pas trop comment j'aurais tenu soixante minutes de plus. Pourtant, l'introduction m'avait plutôt rassurée : on prend le temps de faire connaissance avec les protagonistes principaux, le contexte est bien expliqué : tout est clair, cohérent, permettant de bien voir l'évolution de ces « relations », tout comme l'aveuglement de certains vis-à-vis de ce qui se passait (probablement) dans leurs dos. Les témoignages sont intéressants, les deux victimes présumées ont vraiment l'air sincères, même si les fans de Michael Jackson ne manqueront pas de relever que leurs versions ont beaucoup changé au fil des années. Hélas, et j'ai envie d'écrire assez logiquement au vu de la durée, notre intérêt s'estompe de plus en plus au fil des minutes, au point de nous demander quand le documentaire va s'arrêter : alors OK, il est logique de raconter les événements jusqu'à la mort de Jackson, mais que de répétitions... La dernière ligne droite m'est presque apparue comme une souffrance tant tout avait déjà été largement évoqué précédemment, que ce soit les accusations ou l'état d'esprit des deux hommes, le témoignage des épouses étant d'un intérêt fort mineur. Reste la question : faut-il « blacklister » le roi de la pop après ces révélations, alors que ce dernier est mort, qu'il n'y aura pas de procès et probablement pas d'autres réactions que celles de Wade Robson et James Safechuck ? À mon sens, la réponse est clairement non. Douter de l'homme, oui, assurément. Mais remettre en cause l'artiste serait une aberration, comme le dit d'ailleurs avec honnêteté Dan Reed, le réalisateur. De toute façon, les inconditionnels ne tiendront pas compte un seul instant de ce « Leaving Neverland », et hormis quelques moralisateurs tyranniques, je ne vois pas non plus grand-monde se priver d'un tel talent. Bref, si on ne peut rester totalement indifférent à ce qui est abordé ici, difficile d'avoir un avis vraiment tranché après visionnage, le débat sur M6 suivant l' « événement » nous en apprenant presque plus, rééquilibrant au passage la parole entre « pro » et « anti », délibérément mise à mal durant l'émission. « Bad », Michael Jackson ? Peut-être. Mais surtout « tant pis »...