Il arrive, quelques fois, que passer son temps au CDI du lycée présente quelques avantages. Premièrement, l'on pourrait compter celui de se détendre aux côtés d'un radiateur inexpressif, mais fort d'une chaleur humaine réconfortante. Au milieu du froid et de toutes les bravades que l'extérieur nous propose, il s'avère donc plaisant de trouver refuge quelque part. Mais d'un autre côté, cela peut également nous permettre d'avancer dans notre travail quotidien, de préparer un exposé à rendre pour le surlendemain ou, dans le cas présent, de rédiger un article sur un film vu récemment, mais pas encore chroniqué. Vous l'aurez compris, l'on va, aujourd'hui, parler de "la nuit du Loup-Garou". Voilà donc l'une des rares collaborations de la Hammer et de la Universal, deux sociétés rivales, bien que vitales l'une pour l'autre. Que faut-il donc tirer de cette oeuvre ci? Pour commencer, c'est, je pense, quelque chose d'indéniablement solide que nous tenons là. Bien loin de la catastrophe esthétique que bien des films de l'époque sont, l'ont tient ici une véritable perle plastique. Les décors sont magnifiques, les maquillages convaincants, et les accessoires choisis avec goût. La palme reviendra surtout aux couleurs de la chose, magnifiquement bien relevées par un Technicolor des plus plaisants, offrant à l'oeuvre une âme certaine, et une touche particulière. Les couleurs sont toutes choisies avec soin, et relèvent d'un goût particulier. Pour faire court et balayer large, c'est, de nos jours encore, toujours aussi réjouissant. Car bien loin de certains de ses effets spéciaux décevants, cela lui offre une certaine intemporalité, tant le tout demeurera, aujourd'hui encore, agréable et pertinent. Vient ensuite la mise en scène. Il est inutile, je pense, de vous présenter Terence Fisher, véritable pionnier du genre, et par delà même de la Hammer. L'artiste nous offre une remarquable prestation, et un travail hors norme. Le tout n'a pas vieilli, et tout comme les "Dracula" qu'il réalisa précédemment ( tous évoqués dans d'anciens articles ), l'impact sur le spectateur est toujours de mise. Et même si l'on regrettera un aspect horrifique vieillissant ( ce qui n'est d'ailleurs pas le cas pour le "Frankenstein" de Whale et la Universal ), le reste s’avérera suffisamment satisfaisant pour que l'on passe outre ce détail ci. Seulement, tout dans ce métrage n'est pas de qualité. L'interprétation générale, pour commencer, souffre d'un certains surjeu. Pour le coup, l'on ne parlera pas de jeu théâtral; non, c'est surjoué, point barre. Cependant, tout n'y est pas à jeté. J'ai, pour exemple, été particulièrement satisfait, et par delà même surpris, par la très bonne prestation d'Oliver Reed, acteur que je ne connaissais que très peu ( seulement pour son rôle dans "Gladiator", en fait. ). L'homme a un charisme, un vrai, et un regard intense. Il forme donc le parfait héros, celui que le long-métrage méritait vraiment. L'on pourra dire la même chose, à quelques détails prêt, de l'interprète du rôle principal féminin, qui campe une héroïne extrêmement dynamique. Seulement, l'écriture, comme souvent, vient gâcher l'oeuvre. Car contrairement à ce que j'en imaginais, elle manque terriblement de cohérence, de logique, bref, de style. C'est tumultueux, rapide, et cela ne se concentre pas assez sur les points importants de l'oeuvre. En fait, le tout manque terriblement de maîtrise. Et sachez que je dis cela à contre-coeur : je souhaitais vraiment sa réussite. Mais au final, trop de zones d'ombre sont laissées entre les différentes parties qui composent le métrage, et les trop nombreuses ellipses aggraveront encore plus l'aspect très incertain du tout. En résulte donc une oeuvre satisfaisante, bien que décevante dans bien des aspects. Pour le coup, je peux le dire : je trouve sa réputation en majeure partie injustifiée, et difficilement justifiable, tant le tout semble avoir vieilli. C'est le connaisseur qui parle. Je rajouterai, en légère conclusion, que la gestion des émotions, et des enjeux dramatiques, est particulièrement réussie. Ajoutez-y les points positifs sus-cités, et j'espère, dès lors, que ma note trouvera son sens.