Les films sur la maladie et la mort restent toujours un exercice périlleux où il faut trouver l’équilibre précaire entre pudeur et trop plein d’émotion. En gros, il est en général de bon goût de ne pas trop ouvrir les vannes lacrymales pour éviter le piège émotionnel même si certaines œuvres qui plongent dedans n’en sont pas moins réussies. On pense à « Nos étoiles contraires » par exemple si on est client de ce type de romance à faire pleurer dans les chaumières sinon on peut frôler l’indigestion de bons sentiments et de dolorisme émotionnel. A l’inverse, se parer de trop de froideur et de distance vis-à-vis du sujet peut aboutir sur un résultat peu attirant et désincarné. Et bien « Our friend » réussit à ne tomber dans aucun de ses deux travers et se révèle une œuvre pudique et touchante sur la maladie. Cependant, à y regarder de plus près, la maladie et la mort ne sont ici que deux versants du scénario permettant de parler d’amitié, le vrai sujet du film comme le montre son titre. De l’amitié dans ce qu’elle a de plus beau et de plus fort. Alors même s’ils sont essentiels au déroulement de ce mélodrame et au centre du long-métrage, mort et maladie ne sont que le révélateur d’une des plus belles choses de ce monde qu’est la vraie amitié.
Par le biais de cet homme un peu maladroit incarné par Jason Segel qui va se montrer disponible comme jamais pour le couple d’amis dont la femme est atteinte d’un cancer, « Our friend » nous montre ce sentiment sous ce qu’il a de plus beau, de plus vrai et de plus pur. Les valeurs amicales, devenues rares à ce niveau de sincérité, faites d’abnégation, de présence, de soutien et d’amour sont développées dans ce beau drame avec justesse et simplicité. Le trio d’acteurs est impeccable et parvient à nous émouvoir et à nous soutirer quelques larmes sur la fin mais sans jamais forcer ou prendre le spectateur en otage. Dakota Johnson confirme qu’elle est une excellente actrice, loin de la trilogie « 50 nuances de Grey », quand Casey Affleck est tout bonnement irréprochable comme souvent. Quant à Segel, plus connu pour ses rôles comiques, il brille encore une fois dans ce rôle plus sérieux qui nous rappelle ce dont il est capable dans le drame, un peu comme il nous l’avait montré dans « 7 ans de réflexion » avec Emily Blunt.
Le montage alterne les moments de joie (avant le diagnostic) avec les moments plus tristes (après le diagnostic). Ce choix à priori inutile s’avère au final judicieux. En effet, si celui-ci était chronologique, « Our friend » aurait été de plus en plus larmoyant et c’est justement ce procédé qui évite au film d’être triste ou déprimant. Puisqu’au final ce n’est pas son vrai sujet, en l’occurrence une ode à l’amitié inconditionnelle. Une scène de randonnée où le personnage de Segel est au bord de la dépression est d’ailleurs déchirante en restant d’une pudeur d’exécution admirable. Si la mise en scène est anecdotique, on se concentre sur les rapports humains croqués avec objectivité et surtout un amour fort pour les personnages qui permet l’identification. On en vient même à vouloir se mettre à la place des personnages et se demander comment on réagirait face à ce genre de situation. En tout cas, même si le sujet semble triste, « Our friend » est un beau film qui nous donne envie d’aimer et de profiter encore plus de ses amis. Et c’est déjà une excellente chose!
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