"France" est un film très singulier, bizarre même, qui raconte l'implosion et la chute de France de Meurs, une journaliste-vedette d'une chaine d'infos continues. Créatrice de scandales, elle surfe sur les événements tragiques et adule les buzzs médiatiques jusqu'au jour où le réel la heurte, l'obligeant à prendre conscience de sa propre humanité et de ses limites... De façon très curieuse, le film de Bruno Dumont a su m'intriguer par son angle satirique, méchant, grotesque et inconfortable. On sent que le scénario fonce dans le tas, avec des scènes poussives et moqueuses qui ne fonctionnent pas toujours. J'ai personnellement bien aimé comment l'individu prime sur le contenu, notamment lorsque la présentatrice jouée par Léa Seydoux se met en valeur parmi les migrants et les soldats. Mais ça finit par se répéter, à tourner en rond de façon inutile. La mise en scène manque de précision lorsque le destin de France est chamboulée. De la comédie pouet-pouet, on touche au drame puis à la tragédie d'une crise existentielle déchirante. Si Léa Seydoux semble investie à 100% dans ses émotions, les virages scénaristiques sont très serrés, au point de nous faire perdre le fil et de ne plus voir où "France" veut en venir... Critique des médias, certes, mais il y a tellement d'autres sujets qui en découlent que ça en devient indigeste et interminable : célébrité, individualisme, privilèges, dépression, culpabilité, trahison, maternité, deuil... Le film n'en finit pas et s'enfonce de plus en plus dans une confusion lourde. Il suffit de lire les propos hyper-intellectualisés du réalisateur sur son film pour renforcer notre perplexité et l'esprit pompeux qui semble régir la fabrication de "France". J'ai ensuite eu beaucoup de mal avec le jeu des comédiens, des seconds rôles aux plus petites apparitions. C'est globalement mal joué et caricatural. Les personnages de Blanche Gardin et de Benjamin Biolay sont malheureusement monocordes tandis que Léa Seydoux est en roue libre larmoyant. Ce film m'a semblé épuisant car son propos est totalement dilué dans un scénario qui part dans tous les sens. Après, je n'ai pas vraiment saisi la métaphore du titre, réduisant l'état de la France à ce personnage si faux et pleurnichard... Mmmmh, c'est osé mais raté !