Marseille, des flics, des corrompus, des trahisons, des balances, des gangs, des voyous, de la vengeance, quelques fusillades, les arcanes de la police… Oui avec «Bronx» on est tout de suite en terrain connu, en l’occurrence dans un polar d’Olivier Marchal qui en alimente le cinéma français depuis bientôt deux décennies et son premier film, «Gangsters». Avec quelques perles au compteur comme la plus connue d’entre elles, «36 quai des orfèvres». Le problème ici, avec son nouvel opus qui se retrouve sur Netflix en lieu et place d’une sortie en salles à cause de la pandémie, est que le cinéaste n’innove pas d'un iota et qu'on se retrouve face à une formule qui devient quelque peu éculée. Durant près de deux heures, on regarde donc les nombreux protagonistes se tirer dans les pattes à cause d’une fusillade entre deux bandes rivales.
Encore une fois on ne peut nier que Marchal connaisse son sujet (il était grand flic) mais il ne parvient jamais à se renouveler et donc à nous surprendre. Sa façon de filmer et mettre en scène cette tragédie policière est certes toujours aussi efficace, à l’américaine, n’ayant aucunement à rougir des films du même genre de nos cousins d’outre-Atlantique. C’est nerveux, visuellement abouti et toujours propre. De la même manière, Marchal parvient à bien doser le côté grandiloquent et sérieux de son script avec l’aspect bourrin et sans concession. Il réunit encore une troupe d’acteurs de tous les azimuts dans un mélange étonnant et probant. Cependant, il y a tellement de personnages (d’ailleurs on s’y perd parfois et le nœud de l’intrigue avec) que la plupart n’ont ni le temps ni l’espace pour exister. On reconnaîtra en revanche, le charisme de Lanick Gautry dans le rôle principal, il y est impressionnant et juste.
On passe donc un moment relativement appréciable, «Bronx» étant carré sous toutes les coutures, mais il y surnage durant tout le film une énorme impression de déjà-vu, aussi bien sur le fond que sur la forme. Jamais Marchal ne nous surprend jusqu’à cette fin nihiliste et fataliste qu’il nous ressert fréquemment. L’intrigue est inutilement complexe, elle nous sert la soupe habituelle des différentes forces en jeu qui se tirent dans les pattes. Marseille est filmée de manière peu reconnaissable et cela aurait pu faire se dérouler le film n’importe où. Du côté de l’action, c’est sec mais il n’y a pas vraiment de grosses claques se mettre sous la dent, les fusillades étant courtes et peu nombreuses. Les rebondissements sont prévisibles et c’est finalement la lassitude qui prend le dessus. On entrerait même presque dans la zone du cliché si on y regarde de plus près (épouse de flic éplorée, gang corse avec tout ce que cela implique de folklore, …). Marchal rend une copie paresseuse et facile qui distraira cependant les fans de la première heure qui y trouveront leur compte.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.