Généralement, la présence de Nicolas, Cage au casting est un gage de médiocrité (Rock, Ghost rider, The sorcerer’s apprentice, etc.). The colour out of space ne fait pas exception. Le scénario original est simple : une météorite habitée par une entité extraterrestre corrompt la nappe phréatique locale et pervertit toute la vie qui s’y abreuve, dont les malheureux paysans, avant de repartir. Ici, Richard Stanley massacre tout. Le décor, d’abord : La campagne nord-américaine est correcte, mais l’élevage d’alpaga apporte une incongruité proche du burlesque complètement déplacée dans un film d’épouvante. La mère réchappée d’un cancer n’ajoute que du drame gratuitement. Surtout, le choix d’insérer une fille gothique apprentie wicca est particulièrement maladroit dans un film qui se réclame de l’univers de Lovecraft (où la magie existe vraiment). Les tensions familiales ne font qu’ajouter de la complexité à la narration déjà laborieuse et, elle aussi massacrée : le film est centré sur la lolita à la mode qui, outre son rimmel dégoulinant, ne fait que poser son regard méprisant sur tout, mais n’apporte rien à l’histoire. Nicolas Cage joue un méchant imbécile qui ne comprend rien et, du coup, n’apporte rien non plus. Le personnage de Phillips Ward, plutôt bien interprété par le peu connu Elliot Knights, est mis en retrait au lieu d’être le narrateur principal comme dans la nouvelle. C’est très dommage, car, à l’instar de Lovecraft, c’est le regard extérieur et rationnel du scientifique qui rend l’histoire épouvantable, et non l’hystérie de cette famille dysfonctionnelle. Le déroulement est ensuite ultra classique, avec l’incontournable amourette inutile et avortée à laquelle personne ne croit, les trucages en latex façon années 80 rehaussés de lumières numériques éblouissantes et sa peinture rose de rigueur. Il y a surtout deux maladresses impardonnables : la première, c’est l’apparition du Necronomicon dans un monde lovecraftien, et son usage dans un rituel de sang. Dans l’œuvre de Lovecraft, la simple possession de ce livre provoque la folie et son utilisation apporte les pires horreurs. Ici, ce n’est qu’un livre. La seconde, c’est la couleur elle-même. Nicolas Cage ânonne vaguement qu’il a du mal à la décrire, mais c’est juste du rose. En conclusion, préférez regarder Die Farbe de Huan Vu en 2010, adaptation autrement plus subtile de cette nouvelle.