J'avoue qu'au départ j'étais plutôt tenté par le projet, que ce soit la parodie de péplum ou la relative sympathie que je peux (pouvais?) avoir pour Kheiron, dont les deux premiers films avaient été plutôt bien reçus. Peut-être pas jusqu'à aller le voir au cinéma, mais susciter une réelle curiosité. Et puis le coronavirus est passé par là, amenant les producteurs à le sortir directement sur Amazon Prime. Cela doit d'ailleurs plus ou moins être le premier titre de la plate-forme que je regarde : pas sûr que c'était le meilleur choix possible... « Brutus vs César », c'est quand même un gros gadin. Certes, ne tombant pas au niveau des « Nouvelles Aventures d'Aladin », « Robin des bois, la véritable histoire » et autres lamentables pochades, mais s'en rapprochant pas mal dans l'esprit. J'ai l'impression que depuis quelques années, pas mal de « stand upeurs » ont pris le contrôle de la comédie française, toujours avec la même (mauvaise) formule, et du coup, bizarrement, ça ne fonctionne pas. C'est aussi une question de contexte, de sujet : si cette approche pouvait à peu près convenir à « Mauvaises herbes », le précédent titre de l'acteur-réalisateur, ce n'est absolument pas le cas ici. Tout, ou presque, tombe à plat. Après une première scène plutôt amusante, justement parce qu'elle pourrait ne pas être « historique », les choses se gâtent grandement. Ce n'est pas que Kheiron n'a pas d'idées (enfin, pas tant que ça non plus), c'est qu'elles sont toutes mauvaises. Il a pensé que son humour et sa personnalité suffirait pour tenir sur la durée avec presque uniquement des jeux de mots, des blagues, des décalages, des anachronismes, des références (dont certaines absolument lamentables) : il en faut un peu plus pour faire un film « d'époque », même comique, que faire parler ses personnages comme en 2020 et s'offrir le rôle d'un gentil benêt en opposition avec l'image que nous pouvons avoir de Brutus. Car si l'on est sévère (et encore), c'est à peu près ça. Certains choix sont proprement incompréhensibles, notamment de blinder le casting de noirs et de maghrébins. Ce n'est même pas une question de talent, et si cela avait créé des situations drôles, une réflexion sur la question de nos origines, nos ancêtres, pourquoi pas ! Mais pensez-vous... Ils sont juste là... pour être là. Parce qu'ils sont un peu connus ou des amis de Kheiron. D'ailleurs, à part Eye Haïdara et la belle Lina El Arabi, l'une des seuls semblant vraiment motivée, les numéros tombent presque tous à plat, aussi bien par manque d'investissement des concernés que la pauvreté de l'écriture, où l'on a parfois l'impression qu'il ne se passe strictement rien. Peu de densité, un scénario souvent très faible, où l'on se préoccupe plus de malmener l'Histoire et certaines grandes figures qu'à en raconter une. Ça s'améliore un tout petit peu sur la fin, l'humoriste semblant reprendre un minimum le contrôle de ce qu'il voulait faire : un léger panache (mal filmé, n'en demandons pas trop non plus), un semblant de fil conducteur, un soupçon de drame qui aurait mérité d'être bien mieux exploité... J'ai souri de temps à autre (le tout début, donc, le match de football). Mais c'est tellement peu. Je ne sais même pas vraiment où a voulu en venir le bonhomme, si ce n'est s'offrir un « show » vaguement égocentrique, où pas grand-chose ne fait illusion (et surtout pas le budget). Souvent répétitif, mal pensé, où chacun fait son (prévisible) numéro, de Ramzy Bedia à Pierre Richard en passant par un duo Thierry Lhermitte - Gérard Darmon ne fonctionnant absolument pas, « Brutus vs César », se rêvant en nouveau « Astérix et Obélix : Mission Cléôpatre », nous rappelle surtout à quel point la formule est éculée et complètement obsolète. Tourner en dérision les classiques du genre, ça ne me dérange pas. Encore faut-il avoir le talent et l'investissement nécessaire pour leur arriver ne serait-ce qu'au bas de la cheville...