Critique rapide : le film est lent, les blagues s’étirent et s’étalent jusqu’à ce qu’elles n’en soient plus drôles et les personnages sont mal écris. Malgré un beau casting, les acteurs n’ont pas l’air convaincu par le texte ni par les vannes quand ils les disent et on ne peut pas vraiment leur en vouloir. Je comprends que ça soit une comédie "sans se prendre la tête" ou jsais pas quoi, mais juste ça n’a pas fonctionné pour moi.
En plus argumenté :
Ayant beaucoup aimé les deux précédents de film de Kheiron et appréciant beaucoup son humour j'attendais avec impatience le film, même si la bande annonce me donnait un mauvais pressentiment.
La première scène est plutôt réussie
L'exposition de personnage est sympa, en 30 secondes avec le petit théâtre de marionnette on obtient beaucoup d'informations ( César qui en veut à Brutus pour sa stérilité, César se venge sur lui pendant son enfance, donc Brutus le déteste assez légitimement et enfin Brutus est assez simplet pour faire ça en marionnette et semble parler avec son cœur sans trop élaborer sa pensée), ce sont des informations essentielles pour la suite du film et c'est une caractérisation de personnage faite de manière plutôt habile
, elle se déroule sur un fond d'humour discret, ça semble prometteur pour une ouverture. On a de l'humour et on a du fond.
Mais malheureusement ça ne dure pas et tout retombe très vite... Dans les scènes suivantes une lourdeur humoristique commence à s'installer et elle va parasiter tout le film. Les vannes vont s'étirer sur des dizaines de secondes qui paraissent une éternité.
L'exemple qui me vient tout de suite en tête c'est l'explication de la potion viagra de Pierre Richard, on a compris la vanne en 2 secondes et ça va être étalé jusqu'à ce que le bref sourire que cette vanne m'inspire se change en soupir de désespoir. Je n’ai rien contre l'humour beauf/lourd mais étaler une vanne, de n'importe quel type d'humour, ça ne m'a jamais fait rire. Une fois que la blague est passée, soit on élabore et on surenchérit dessus soit on passe à autre chose. On a aussi la scène de libération de Bérangère Krief qui se veut la scène de départ de l’arc de soif de liberté d’Arthus… mais bordel on le comprend tout de suite et après la scène nous prend en otage jusqu’à ce que la blague se termine (blague horriblement longue)
Tant que je suis sur la lourdeur, on retrouve aussi le phénomène " je fais bafouiller un personnage à outrance pour montrer qu'il n’est pas sûr de lui du coup c'est drôle, regardez comment il cherche ces mots, mdr, lol riez bordel" (c'est un peu long comme nom de phénomène certes… mais bon vous voyez ce que j'ai en tête au moins). J'adhère pas du tout à cette mécanique, elle était peut-être drôle chez Jamel à ses débuts (et encore je pense que ça a vieillit, même si il a le talent d’interprète pour le faire passer auprès de beaucoup de monde) mais là je trouve que c’est trop facile et ça rallonge les scènes pour pas grand-chose.
Assez parlé vannes, parlons un peu scenario… Honnêtement l’idée d’ensemble est bien, c’est juste très mal amené et la suspension consentie d’incrédulité du spectateur se brise en permanence (la mienne en tout cas).
Je comprends que c’est une comédie donc bon… pas besoin d’un scenario hyper complexe mais là j’ai l’impression que le film a le cul entre deux chaises. Il veut se donner les ambitions d’avoir une morale de fond et de développer des personnages (un personnage en tout cas : Brutus) tout en gardant une direction nettement orientée vers l’humour. Le problème c’est qu’il titube complètement et l’ensemble est bancal.
Bon attention les yeux dans la partie spoiler en dessous je sur-analyse comme un gros sac une scène plutôt anodine.
On a un Brutus qui est un bon gars, il ne veut pas tuer César même s’il le déteste. Jusqu’à ce qu’il voie de ses yeux qu’il est devenu un tyran. Ça se tient complètement.
Maintenant comment le film nous montre ça… eh bien Brutus voit César envoyer à la mort une esclave qui le ventile trop fort et un serviteur qui a confondu deux signes. Ok y a une vanne derrière tout ça mais pour moi ça ne fonctionne pas.
On peut nous montrer un César tyran exécuter plein de gens pour la blague dès qu’ils respirent un peu fort (The Dictator le fait très bien)
On ne peut pas s’en servir comme twist scénaristique pour le réveil du héros.
On a beau nous vendre un héros très simplet ce n’est pas possible, ce n’est pas crédible, ce n’est pas vraisemblable qu’il comprenne la vraie nature de César à travers une scène autant tournée vers l’absurdité. (plutôt drôle d’ailleurs bien que un peu déjà vue)
Ça implique alors trop de chose du côté de Brutus. Il n’a jamais regardé ce qui se passe à Rome, il n’a jamais parlé à un Romain (parce que quand on a ce genre de tyran au pouvoir, la vie doit être horrible dans la cité) enfin bref il est hors de la réalité du film. Cette scène devrait rester au rang de blague, c’est tout. Le film ne peut pas en faire un évènement important du récit. Ou alors montrez nous un César qui pète un câble soudainement, parce que ça lui rappelle à travers un flashback du Vietnam que son chien a été tué par un rhume provoqué par un courant d’air ou jsais pas quoi (un peu à la RRRrrrr!!! avec le Yorkmouth du shaman) et dans ce cas on part sur de la surenchère d’absurdité, ça résout pas la crédibilité du récit mais ça masque le défaut (et pour un film d’humour ça passe très bien, c’est un peu du lampshading).
Dans le même genre, même la pire scène de ce genre, c’est l’attaque du camp Romain par les gaulois menés par Brutus (je ne vais pas la sur-analysé elle aussi mais vraiment rien ne va, autant en vanne qu’en récit).
Bref si j’ai passé autant de temps à développer, c’est parce qu’à mes yeux, ça fait ressortir le problème de fond du film :
Je pense que le film n’arrive pas à faire la part entre les scènes blagues et les scènes qui font avancer l’intrigue. Il n’arrive pas non plus à créer de scènes hybrides réussies dans lesquels on aurait à la fois blague et histoire qui avance, mais pourtant il s’y essaye et échoue tout le temps. Il tente même de faire du film d’art martiaux ou de combat un peu gore mais vraiment ça n’a rien à faire là… ça nuit au récit plus qu’autre chose.
Au final ce qui ressort du film c'est 1h30 qui paraissent 3h (quand une comédie fait pas rire c'est fou ce que le temps ralentit) et un film qui l’avoue lui-même
puisque la fin c'est un Cliffhanger, Brutus est SUR LE POINT d'affronter César... à la fin du film... film qui s'appelle Brutus vs César.
Peut-être que Kheiron s’est mélangé les pinceaux entre un film de blague complet à la verybad trip, american pie et un film de blague avec un fond, une « morale » à la Fatal (oui oui Fatal pour rechercher du côté comédie de chez nous, excellente comédie et portait au vitriol de la jet 7 de la musique et de l’hypocrisie de la société).
En bref le film est raté quand on s’y intéresse en superficie (les vannes et les rebondissements ne fonctionnent pas) et encore plus raté quand on regarde le fond (et on comprend un peu plus pourquoi les vannes et les rebondissements ne fonctionnent pas). Les différents matériaux que le film utilise travaillent les uns contre les autres au lieu d’aller tous dans la direction du récit.
Amateurs de Kheiron, allez le voir. Amateurs de comédies passez votre chemin.
Je me suis laissé emballé j’ai beaucoup trop écrit (vlà le pavé que ça fait…), et beaucoup trop peu par rapport à tout ce qu’on pourrait analyser donc bon…
Pavé César ; ceux qui n’ont pas lu te saluent.