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    Plan Bee
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    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 10 mars 2019
    Deux idéalistes face à face : l'idéaliste écologique, humble de condition comme d'ambition, enraciné dans sa culture et dans sa terre, contre l'idéaliste multinational, hors-sol, consumériste, rêvant de nourrir toute la terre sans égard pour les individus dépossédés de leur coin de terroir et exploités salarialement. Après tout, il leur a fourni du travail s'ils l'acceptaient, proposé à distance des contrats légalement argumentés, n'est-ce pas ?...

    Références cinématographiques de qualité, mais digérées, non lourdement citées. On pense au Dracula de Tod Browning et aux Frankenstein de James Whale pour la dimension prométhéenne de Blik, à White Zombie pour la réduction en esclavage hypnotique de naturels économiquement envahis sur leur terre natale, à Dead Man et Ghost Dog de Jim Jarmush pour la dimension mystique et solitaire du vengeur économiquement défavorisé. Littérairement, le Tchen de La Condition humaine n'est pas forcément loin, mais apaisé par sa réconciliation avec le vivant, écologiquement réenraciné.

    Dimension onirique de ce Trung, en effet, qui vit dans le souvenir de son épouse. Les scènes d'amour et de partage (avec la métaphore hédonique du miel, rejoignant le végétal et l'animal dans la dynamique du don et du contre-don) sont présentées comme actuelles, selon une chronologie effaçant la rupture entre passé heureux et présent du manque. Leur éternité de légèreté contraste avec la dureté du temps minuté vécu dans le monde administratif de Blik.

    Quand ce dernier se perd dans les rues populeuses et se fait voler dans l'indifférence ironique des autochtones, on sait qu'il n'est pas plus à l'aise dans le réel que ne le sont les politiciens actuels. À l'opposé, Trung maîtrise parfaitement la géographie non répertoriée des cours d'eau, rizières, collines et ruelles, et fait corps avec ses abeilles qui lui rendent son amour en le couvrant comme pour le protéger, dans une scène paroxystique.

    Esthétique de la vidéo musicale où s'est formé Fabrice Poirier. Peu de dialogues : ceux en vietnamien ne sont généralement pas traduits, laissant l'esprit s'abandonner à la seule mélodie de la langue et livrant place aux bruitages, à la bande-son aérienne, aux silences lourds de sens, aux cris et murmures, à l'éloquence des visages, regards et évolutions dans l'espace.

    Légitimation du meurtre ? C'est plus complexe que cela, car enchâssé dans un phantasme cinématographique incitant à la réflexion sur l'équivalence entre tuer intentionnellement une personne ciblée, par vengeance préméditée et retour de flamme, et tuer beaucoup de personnes par empoisonnement, sans les cibler, par simples cynisme et irresponsabilité entrepreneuriaux. Catharsis qui permet à l'auteur du meurtre de retrouver la sérénité, par assomption même du prix pénal pudiquement évoqué dans la dernière minute de projection. La puissance scientifique de l'industriel est retournée contre lui par le truchement des insectes qu'il contribuait à décimer. Réciproque symbolique rétablissant la notion éthique en l'élevant.

    L'art reste certainement le moyen le plus efficace de susciter une réflexion non univoque sur les questions incontournables de notre contemporanéité planétaire. Fabrice Poirier est un artiste complet, autant dans son jeu sobre et précis d'acteur que par ses qualités d'orchestrateur d'images et ses choix musicaux.

    À voir et à revoir pour un dépaysement esthétique total.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 21 février 2019
    J'ai vraiment aimé. Le film vous capte jusqu'à la fin grace à un bon rythme et une très bonne bande son. Le sujet principal du film est la disparition des abeilles, victimes des pesticides, mais il existe de nombreux thèmes sous-jacents tels que l'amour, la solitude et la vengeance. Personne n’a vraiment raison dans cette histoire mais pour ma part, j'ai trouvé des réponses.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 27 février 2019
    C'est un excellent film sur plusieurs plans.
    Tout d'abord sur le plan artistique, les prises de vue dans la campagne comme en ville au Vietnam permettent de sortir des sempiternels clichés des 2 Guerres d'Indochine. Les plans sur Ha Noi vus en hauteur, les crépuscules mélancholiques sur les tours, les prises de vue dans les marchés, (et pas autour du Lac de la Tortue) donnent le ton de cette vie au Vietnam qui se cherche entre béton et palmiers. Ensuite, les plans rapprochés des personnages ni trop beaux ni trop moches, captent l'essentiel par les regards, par les silences, par les bruissement d'ailes d'abeilles.
    Mais surtout sur le plan psychologique, les protagonistes sont mis en valeur par des contrastes, entre idylles et douleurs, entre regrets et détermination de vengeance. Oscillant entre chamanisme, mystique et techniques agricoles crues, le film peint le balancement de la civilisation agraire poussée et tiraillée vers l'industrialisation, à travers ses acteurs mûs les uns par l'éphémère gain financier, les autres par l'illusion de son bon droit.
    On sort de ce film un peu abasourdi, avec un arrière-goût curieux qui marque les bons films indépendants. Pas de solution facile, pas de triomphe artificiel, pas de lendemains qui (dé)chantent. On a l'impression d'avoir été invité à un diner où on a trop bu et dont les hôtes se sont bagarrés en plein repas, à table. Tout en ayant dégusté d'excellents plats, en ayant découvert des émotions riches et entêtantes: sensualité, amertume, acidité, fraîcheur, profondeur, et un léger mal au coeur, mal dans notre coeur.
    Le dernier plan tape du poing sur la table.
    Elle est voulue par le réalisateur; mais pour moi ... la symbolique est lourde à digérer.
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