Le Mariage de Verida : les secrets du tournage

C'est en observant ses rides que la réalisatrice s'est interrogée sur sa vieillesse et sur la manière dont beaucoup de femmes recherchaient la jeunesse à tout prix. Alors qu'elle réfléchissait à un film sur les diktats de la beauté féminine dans notre société occidentale, elle a lu un article sur le gavage en Mauritanie : des futures mariées doivent devenir très grosses pour plaire à leur compagnon. Elle se souvient : "J’ai immédiatement compris que j’avais trouvé ce que je cherchais, une histoire qui racontait le même phénomène qu’en Europe de l’Ouest, mais avec des exigences contraires. [...] Le Mariage de Verida reflète la relation très complexe qu’ont toutes les femmes avec leur corps".

Michela Occhipinti s'est rendue trois fois en Mauritanie, en 2012, 2016 et 2018, à la recherche de jeunes femmes qui pouvaient partager leur expérience personnelle. Accompagnée d'abord d’une bénévole d’une association mauritanienne, la cinéaste a ensuite rencontré Sidi Mohamed Chighaly, qui est devenu son acteur et son chauffeur. Il lui a permis d'approcher des filles de sa connaissance et notamment sa nièce, qui deviendra sa fille à l'écran, Verida, dont le nom signifie en français "unique" : "nous avons appris à nous connaître et sommes devenues proches malgré la barrière de la langue". La réalisatrice ajoute : "Quand j’ai vu ses yeux, si lumineux, j’ai su qu’on allait faire quelque chose ensemble. C’était elle et personne d’autre".

Il s'agit du premier long métrage de fiction de Michela Occhipinti. Celle-ci a réalisé plusieurs documentaires auparavant et projetait à l'origine de faire du Mariage de Verida un documentaire. Le film est d'ailleurs nourri des témoignages de Verida et d'autres femmes rencontrées sur place.

La cérémonie du gavage est encore largement répandue dans le désert. 40% des filles, voire plus, subissent cela de nos jours. Il était important pour la réalisatrice de montrer que, si cette tradition n'était pas systématique en Mauritanie, elle n'était pas non plus une pratique tribale limitée aux campagnes : "Ce n’est pas tribal, c’est social. Si, au contraire, on montre une fille de la ville, qui travaille, qui lit des magazines, qui fait les mêmes choses que n’importe quelle autre jeune femme dans le monde, alors le public peut s’identifier. Ce sont des pratiques traditionnelles et modernes à la fois".