Voilà parait-il un classique du hard des années 70. Je veux pas être méchant, mais si je compare ce métrage au Benazeraf mémorable que j’ai critiqué récemment par exemple, on est loin du compte. Alors peut-être le film apporte-t-il des innovations du genre du sexe interracial mais il ne faut pas pousser, un film se note avant tout par ses qualités intrinséques, le reste est à laisser aux historiens du cinéma.
En fait c’est dur de noter ce film car il n’est qu’une longue succession de scènes de sexe. Pas de dialogues, quasiment rien à faire pour les acteurs que de s’adonner à la chose devant la caméra sous diverses formes, il n’y a aucune illusion de personnages, Derrière la porte verte se contentant de quelques minutes de présentations « normales » pour ensuite se concentrer uniquement sur le X. Reste que les interprètes sont assez crédibles.
Le scénario est lui aussi totalement absent. Aucune trame de fond, Derrière la porte verte est une sorte de succession de pastilles hard que l’on appreciera ou moins, dénuées d’une réelle cohérence, et finalement très longuettes, compte tenu d’une tendance à la répétitivité et à cause d’une absence de dialogues qui finit par être assommante.
Le film a d’évidentes volontés experimentales, mais ce n’est qu’au niveau visuel que celles-çi ressortent un temps soit peu, et encore, de manière lacunaire. En fait il n’y a qu’un seul passage aux aspects « psychédéliques » qui témoigne d’une réelle attention créative, l’essentiel de la mise en scène se limitant à des plans généralement fixes et serrés là où c’est intéressant pour l’amateur (entre-jambe…). Il y a tout de même des efforts pour ne pas sombrer dans l’attendu, mais jamais la mise en scène ne parvient à figer l’impression orgiaque qu’il semble revendiquer, rendant sa pornographie convenu, une sorte de pornographie de boudoir. Celle-ci n’est d’ailleurs pas désagréable, avec comme souvent dans ces films des années 70 un coté charnel appréciable là où de nos jours on tend à la désincarnation voir à la déshumanisation de l’acte érotique, mais là où des films comme Debbie does Dallas critiqué par mes soins offrait une vision cohérente, brute et frontale, là on se retrouve avec une sexualité explicite, certes, mais opposé à une sorte de distanciation onirique qui ne lui est pas des plus profitables. Une distanciation qui vient aussi de l’absence de décors ou presque, et qui plonge le film hors du temps et de l’espace, mais qui en même temps est remise en cause par une ambiance musicale trop typée (notamment un thème typiquement seventies) qui nous empêche de plonger réellement dans ce rêve (ou cauchemar) pornographique. En fait Derrière la porte verte est emplie de contradictions, est apparait comme un film expérimental mal maitrisé, ou un film normal qui, parce qu’il est mal maitrisé, donne une impression experimental. Il y a un coté bancal qui se dégage de ce film, et les moments solides se font trop rares pour arracher le morceau. Reste une profusion de scènes de sexe explicites et parfois originales qui on surement aidé à la construction de la réputation de ce film, qui est clairement surfaite. 1.5.