Slalom a été sélectionné dans les festivals suivants :
- Festival de Cannes 2020, label "Premiers films"
- Festival de Deauville 2020 : Prix d’Ornano-Valenti
- Festival du Film Francophone d'Angoulème 2020 : Prix Magelis des étudiants
- Festival de Namur : Prix de la meilleur photographie pour Yann Maritaud
A l’adolescence, Charlène Favier a subi des violences sexuelles dans le milieu du sport. Comme beaucoup de victimes, elle les a intériorisées pendant de nombreuses années. Elle a ensuite construit sa vie professionnelle autour de la création et s'est épanouie à travers la photographie, le dessin, le théâtre et le cinéma. La réalisatrice se rappelle :
"Je n’avais jamais pensé que mon premier long métrage parlerait forcément de ce qui était enfoui au plus profond de moi. Pourtant, la nécessité de dénonciation a fait son chemin pour finalement éclore sur les bancs de la FEMIS où j’ai écrit les premiers lignes de ce scénario. Mais là encore, je ne m’autorisais pas à affirmer l’aspect autobiographique du projet. Car ma véritable histoire n’était pas dans le ski. Lyz n’est pas moi, ni sa famille la mienne, ni Fred mon agresseur. Mais le film est irrigué de mon histoire personnelle. J’avais un besoin fort de transposer dans un autre milieu sportif. J’ai choisi le ski avant tout parce que j’ai grandi à Val d’Isère où dès mon plus jeune âge et jusqu’à mes 16 ans, ma vie n’était faite que d’entraînements et de championnats."
Dans Slalom, Charlène Favier a voulu faire ressentir le phénomène d’emprise psychologique. Fred use d’une triple domination qui rend Lyz vulnérable : celle de l’entraîneur qui la conduit à la réussite sportive ; celle de l’adulte dont on doit suivre les règles et celle de l’homme qui impose ses pulsions. La cinéaste développe :
"C’est cette emprise qui vient dévoyer l’émergence des désirs de Lyz en lui imposant les envies d’un autre et qui agit aussi sur sa psyché en altérant peu à peu sa perception du monde. Dans ce lycée de sport étude, j’ai trouvé le contexte qui peut amplifier cette mainmise de l’adulte : le jeune âge des pratiquants les rend plus fragiles, le planning intense des compétitions les éloigne de leur famille, mais aussi les vestiaires qui brisent leur intimité. Peu à peu, Lyz perd la propriété de son corps, d’abord outil de performance puis objet de désir. Meurtrie par les blessures physiques et psychologiques, elle va découvrir la peur, perdre pied."
En amont du tournage, Noée Abita s’est isolée deux mois avec Emilie Socha, la coach sportive de la section ski étude de Bourg-Saint-Maurice, pour faire de la musculation, de la proprioception et pour s’imprégner de la gestuelle des skieurs de haut-niveau. C’est pendant cette préparation physique que l'actrice a construit son personnage. La réalisatrice Charlène Favier se rappelle :
"Ensuite sur le plateau, c’était fluide, elle n’avait plus qu’à agir selon son instinct et c’était toujours juste. La métamorphose était fascinante, Noée était devenu Lyz, une guerrière avançant les poings serrés, avec une extraordinaire énergie de survie comme bouclier. Même méthode avec Jérémie, qui a, lui aussi, passé beaucoup de temps en amont avec les entraîneurs des clubs de la région ; son investissement était impressionnant. Pour être crédible, il a appris le jargon, les gestes, et les automatismes du métier."
Slalom fait partie des dix films ayant obtenu le label "Cannes 2020" à être présentés au Festival du Cinéma Américain de Deauville de 2020.
Dans sa démarche artistique, Charlène Favier a eu besoin de tourner un court métrage : Odol Gorri (2018). L’idée n’était pas de faire une version courte de Slalom mais de se confronter à la violence de certaines scènes. Elle confie : "Cette expérience a nourri l’écriture de Slalom et m’a encouragée à toujours me placer du point de vue du personnage principal. Ce tournage m’a aussi permis de trouver un alter ego avec la comédienne Noée Abita."
Le film comporte des scènes de compétition de ski. Pour les filmer, Charlène Favier et son équipe ont eu recours à l'utilisation d'un drone et d’un cadreur spécialisé pour les descentes. La Fédération Française de Ski leur a par ailleurs permis de se greffer à de vraies courses. La cinéaste se souvient :
"La musique et les sons de ski dans les courses ont notamment permis de créer l’atmosphère mentale de Lyz dans ces moments intenses. Pour ces séquences, nous avons testé beaucoup de choses car il ne fallait surtout pas donner l’impression d’une captation sportive classique. Le cadreur sur ses skis et l’assistante caméra sur la motoneige se sont tous deux lancés à vive allure dans les pentes abruptes à la poursuite ou devançant les mouvements de la skieuse. L’idée était de capter le ski à travers Lyz de manière organique et émotionnelle, créant de la sorte une impression d’apesanteur et de vertige. C’est aussi le « cahier des charges » que j’ai transmis à LoW Entertainment, groupe expérimenté dans la musique de film et qui m’a proposé des morceaux que j’ai trouvé très inspirés, à la fois aériens et venant rythmer les scènes."