Slalom, réalisé par Charlène Favier, est un film très émouvant sur l’arrivée d’une jeune fille dans une école de ski, et son ascension au très haut niveau de son sport et de sa passion, le slalom en ski. Au premier abord, Slalom semble reprendre une structure cinématographique classique du récit d’un jeune talent: l’entraîneur trop strict, qui la pousse jusqu’à la rupture, la famille quasi absente et désintéressée, les très hauts et les très bas, et bien sûr la victoire finale… Cependant, le film parvient à se détacher subtilement de ces codes. Lyz est une adolescente reconnue pour son talent de skieuse; le film débute à son entrée d’une école de ski dans la montagne. Il n’est pas facile de saisir l’emplacement de cette école, à l’exception d’un “Val d’Isère” inscrit sur le pull de Lyz, alors qu’elle court dans la neige plus tard dans le film. Les paysages sont magnifiques, avec un bâtiment au beau milieu d’une forêt de neige perpétuellement grandissante au fur et à mesure que la fausse poudre blanche, très réaliste par ailleurs, tombe en douces vagues au sol. Pourtant, on ne se croirait pas dans une mauvaise rom-com de Noël: l’atmosphère ne s’y prête pas. En effet Lyz, déterminée à réussir, se pousse au bout de ses limites en s’entraînant jour et nuit tout en écoutant les critiques aussi incessantes qu’irritantes de son entraîneur, Fred. Elle ne semble que rarement y prendre du plaisir, tant elle souffre sous le coup des interminables exercices intensifs qui font tressaillir le spectateur: elle stimule électriquement ses muscles à l’aide d'électrodes qui la font grimacer de douleur, coure dans la neige tombante jusqu’à en saigner du nez, et même manque de se briser le genou en soulevant une haltère.
Et autour de tout cela, et même presque au centre de tout, il y a Fred. Après ses débuts très difficiles à l’école, elle s’améliore grandement et une relation très particulière s’installe entre les deux protagonistes. Fred est un entraîneur très strict, dur avec ses élèves et violent à la fois verbalement et physiquement. Pourtant, cela ne semble pas repousser Lyz.
Jonglant entre les amitiés jalouses de son grand succès sportif, les amours qui apparaissent soudain, ses joies de victoires, une mère omniprésente dans l’histoire mais jamais présente physiquement, et bien sûr la confusion d’une relation intime, violente et pour le moins problématique, Lyz entre brusquement dans un autre monde, et semble expérimenter tout en même temps. Tout au long du film, elle donne l’impression d’être entraînée dans un ouragan inévitable duquel elle ne peut jamais sortir, sans qu’elle n’ai le temps de réfléchir ou de respirer. Elle se lance dans tout les bras ouverts, dans un nouveau monde, dans un monde qui n’était pas le sien mais dans lequel elle semble tout de même s’accrocher.
Slalom n’est pas seulement le beau récit de l’ascension d’une jeune athlète au sommet, mais aussi le récit d’une femme pleine de maturité qui se cherche soi-même tout au long du film.
C’est un film très excitant à regarder. Le spectateur peut se prendre à exulter lorsque Lyz exulte, à s’attrister lorsqu’elle ne réussit pas. Il propose également des scènes déchirantes et horribles qui font froid dans le dos.
Cependant, certaines scènes paraissent forcées, presque “trop” pour faire pleurer le spectateur.
Sans jamais vraiment atteindre le statut de grand film ou de film génial, Slalom est une image particulièrement émouvante et presque attristante d’une femme en devenir, qui se cherche parmi toutes les distractions que lui offre la vie.