Immense fresque familiale, « So long, my Son » du réalisateur chinois Wang Xiaoshuai, justement récompensé lors de la Berlinale 2019 par deux Ours d’argent, pour chacun des deux actrice et acteur principaux du film.
Deux familles pékinoises ont chacune un enfant, deux garçons, nés le même jour. Elles respirent le bonheur, se réunissent autour des gâteaux d’anniversaire, jusqu’à la survenue d’un drame terrible. L’un des deux enfants est retrouvé mort près d’un barrage, noyé.
A partir de ce point de non retour, Wang Xiaoshuai tisse une sorte de labyrinthe autour de ces deux familles, ponctué de nombreux flashbacks. Parfois, on s’y perd un peu, mais ce n’est pas grave. C’est l’époque de l’enfant unique par famille, ce qui ne facilite pas les choses. Un adolescent remplace l’enfant mort, jusqu’à son prénom, mais la greffe aura du mal à prendre. Vingt ans plus tard, on sort du labyrinthe : l’émotion prend le spectateur à la gorge. Pékin est transformé. Peut-être faut-il voir dans l’œuvre de Wang Xiaoshuai, une immense allégorie de la Chine passée par des années de plomb, aujourd’hui ouverte au capitalisme financier mondialisé. Mais pour quel résultat ?
Wang Xiaoshuai nous offre un happy end, ce qui n’est pas très courant pour le cinéma chinois, où l’on voit le plus souvent des réalisateurs qui mettent le doigt sur les difficultés de la société chinoise d’aujourd’hui, tels Jia Zhang-ke dans « les Eternels », ou Wang Bing avec « Argent amer » ou « les trois Sœurs du Yunan », ou bien encore Dong Yue avec « une Pluie sans fin ».
On retrouve dans ce très long métrage d’un peu plus de trois heures, mais qui passent relativement vite, les ingrédients des films asiatiques concernant la famille, sorte de pivot sans lequel la société se désintègrerait. Car c’est souvent autour du cercle familial que les cinéastes, qu’ils soient japonais, chinois ou coréens, bâtissent leurs scénarios. Une équipe d’acteurs remarquables, un directeur de la photographie qui nous offre des portraits d’une sensibilité inouïe, c’est aussi cela « So long, my son » !