Ce film c'est un peu tout ce que j'aime, ça se passe en Chine, on parle d'une famille ordinaire qui font des choses ordinaires, ça s'étale dans le temps et on voit la vie, aussi tragique qu'elle puisse être, passer et laisser séquelles desquelles on ne se remet jamais totalement.
Sur le papier j'étais parti pour adorer. Alors en pratique c'est un peu long, même si le coup de mou vers deux heures de film est vite remplacé par une heure finale de haute volée où naît enfin l'émotion tant attendue. Tout y est déchirant, le film qui était sans arrêt en mouvement se pose et permet réellement de ressentir quelque chose devant cette famille abimée par la vie.
Le film n'a de cesse de faire des aller retour entre les différentes périodes, éclairant ainsi plus ou moins certains aspects de la vie de ses protagonistes. Le procédé est intéressant à plusieurs reprises puisque le film s'ouvre sur une noyade, deux jeunes sont au bord d'un barrage, un veut nager, l'autre non... on devine qu'un mort... on ne sait pas lequel, on ne sait pas qui sont ses parents parmi tous les personnages et tout est fait pour non laisser dans le flou, voire pour nous faire croire l'inverse. C'est plutôt habile et ça fonctionne bien.
Par contre il y a des moments où malgré tout on a du mal à situer l'action dans le temps. Il y a ainsi des séquences entières, qui fonctionnent à elles-seules et c 'est pour ça que le film n'en pâti pas réellement, que je ne sais pas avec certitude replacer dans la chronologie. Il y a un côté nébuleux, comme si c'était un amoncellement de souvenirs d'une vie beaucoup trop triste.
Il y a un côté poétique à ces aller retour, mais j'avoue qu'ils m'ont un peu perdu par moments, même si globalement ce n'est pas très dur à suivre et qu'avec un peu de déduction on arrive à tout remettre dans l'ordre.
Il y a des éléments qui n'ont pas de réponse, je pense à l'adolescent qui s'enfuit au début du film, on ne saura jamais réellement d'où il sort... On n'a pas toutes les clés en main... Mais la plus belle inconnue, reste l'inconnue finale lors de la conversation par Skype. De qui est ce gamin ? La caméra qui s'arrête sur le père potentiel rend la scène magnifique. Il y a quelque chose de réellement fort qui se produit puisque seul lui et le spectateur sont dans la confidence et bien évidemment il ne peut pas poser la question. Il doit se contenter de sourire...
Comme précisé, toute la dernière heure est réellement forte en émotion puisque c'est l'heure des retrouvailles et des séparations, ce qui a été amorcé pendant deux heures doit trouver sa résolution (enfin plus ou moins). Il y a des scènes d'une tendresse infinie, notamment la dernière rencontre avec leur amie, où l'on sent qu'une mauvaise décision qu'elle a prise il y a des années la hante encore même sur son lit de mort... Rien de plus déchirant. Et le film multiplie ces séquences où malgré la tristesse absolue des situations proposées, tout est pardonné... parce que finalement ce couple a survécu à toutes ses misères.
Mais il n'y a pas que la dernière heure qui vaut le détour, on a droit à quelques séquences hallucinantes, notamment liées au communisme, qui valent le détour. Tous les ouvriers sont réunis dans un immense auditorium avec des remises de prix ou des licenciements. Franchement on s'y croirait et voir les mouvements de foule, avec l'héroïne seule au centre de l'image, statique, c'est sublime. Disons que l'émotion naît à chaque fois que le film s'arrête, propose un plan fixe, comme pour montrer la tragédie qui se déroule dans le chaos d'une époque.
Ceci dit, je n'ai pas adoré non plus, car un poil trop long malgré tout et un peu confus par moment. Reste que c'est un beau film qui monte en puissance tout du long avec la Chine et sa politique en toile de fond.