J'ai essayé de relativiser au maximum, j'y ai mis toute la dose de bonne foi en ma possession, supplée par mon meilleur second degré, me mettant dans les conditions les plus favorables pour garantir au mieux ma bénédiction à ce nouveau "Mission Impossible". Autant d'efforts puisque je connais déjà le style de la maison qui a souvent tendance à m'énerver et je suis plutôt du genre sympa. Avec tout cet arsenal préparatif dont je m'étais muni, l'extravagance de ce nouvel épisode a tout de même réussi à me pousser à l'exaspération. Trop, c'était vraiment trop !
Le début était certes assez convaincant, avec une intrigue qui tenait à peu près la route, de l'humour très sympa, basé sur la finesse et l'auto-dérision, et de l'action bien rythmée. Jusque-là je pardonnais les quelques débordements qui ont pu subsister, je faisais mine de ne rien avoir remarqué car dans l'ensemble ça passait ! Mais hors de question de se laisser amadouer par l'efficacité de cette entrée en matière réussie puisque le film allait peu à peu s'éloigner du bon sens jusqu'à radicalement l'enterrer. Notre cher Christopher (le réalisateur) lâchera l'affaire et perdra à partir de là,
-plus précisément à partir de la scène de la discothèque-
totalement le contrôle. On dirait que, conscient de sa fâcheuse tendance à tout exagérer à l'extrême (même au-delà de l'extrême), il s'était bien appliqué au début en veillant à bien doser les choses, en restant consciencieux et suffisamment pragmatique. Puis après s'être permis une première exubérance, une seconde, allez une petite troisième, au bout d'un certain moment ça l'a profondément frustré ! Motivé par ces plaisirs interdits ponctuels, il finit par céder à la tentation et se lâche complètement ! Un peu à la manière d'un fumeur qui reprend la cigarette après l'avoir arrêtée.
J'ai en effet pardonné les 5 ou 6
directeurs qui enchaînaient leurs bouts de phrases l'un après l'autre à tour de rôle comme s'ils savaient ce qu'allait dire chacun et qu'ils s'étaient mis d'accord de parler dans une orchestration parfaite, aussi la bombe nucléaire que Benji va non seulement tenter de désamorcer tout seul -un peur risqué vu l'ampleur de la catastrophe- mais le fait au dixième de seconde près, j'ai même pardonné Ethan qui parvient à neutraliser ses deux ennemis en larguant vers eux la moto qu'il conduisait et dans la seconde qui suit le troisième, par surprise en se tenant bien debout dans son dos (mais comment il a fait ?). Ce n'est pas fini, tout cela avant d'échapper en moins de 10 secondes au train qui fonçait vers lui pendant qu'il tentait d'ouvrir les menottes le liant au volant, malgré son
faux pas du début ! Voyez comment je suis sympa ! Mais de là me laisser
faire devant la fuite de la discothèque, le guet-apens à peine dressé par deux ennemis à peine, sans aucune arme à feu et duquel Paris a étrangement perdu son sabre, les couteaux plantés en plein cœur sans que la moindre goutte de sang ne dégouline, le couteau planté en plein cœur de Paris qui trouve la force d'aller sauver Ethan et Grace en les tenant à deux par la seule la force de son bras mais pas celle de rester consciente la minute qui suit, Ethan qui atterrit en parachute pile poil vers le gars qui prenait son temps à pointer son arme sur Grace, et enfin le masque efficace contre le même Kittridge qui dirigeât à une époque l'IMF, rien que ça, mais réussit quand même à se faire
berner aussi aisément, ça fait trop pour mon pauvre cerveau, il bugue à force
. Devant la scène tellement imbuvable des wagons qui tombent dans le fleuve en se désolidarisant les uns après les autres, alors qu'en plus on nous a démontré comment ils étaient solidement attachés
, là j'ai dit stop ! Des absurdités assumées qui s'enchaînent à ce point c'était tout bonnement insupportable, même avec toute la bonne volonté du monde. Sérieusement, comment peut-on
être le directeur de la CIA tout en étant idiot au point de cacher cette clé, dont la valeur est inestimable, qui donne un pouvoir absolu sur l'humanité toute entière, simplement dans sa poche de costard ? L'autre là, cet imbécile de Gabriel, lui il fait encore mieux, enfin pire ! Il reproduit la même connerie, mais lui c'était en plus juste avant de grimper délibérément sur le toit du train lancé à toute vitesse et se livrer à une longue lutte contre Ethan. A ce niveau ce n'est plus de la bêtise, ça relève du déficit intellectuel ! Le mec a tout planifié à la seconde près grâce à l'IA, mais n'arrive pas à imaginer qu'elle puisse tomber de sa poche ni qu'Ethan réussisse à la lui subtiliser facilement de cette cachette aussi évidente qu'accessible ? N'est-il pas aberrant qu'il en arrive à
laisser passer autant de choses sans le moindre recul ?
A mon avis et malgré toutes ces déboires, je reste convaincu que Christopher McQuarie a déjà la clé pour réussir son "Mission Impossible" le plus abouti. Il a juste besoin d'une réelle prise de conscience. Preuves en sont une superbe réalisation, une excellente maîtrise des scènes d'action, du goût niveau humour, niveau musique et pas mal d'autres bons points positifs. Tout n'est pas à jeter, d'où ma note généreuse. Néanmoins il a tendance à perdre la main dessus bien trop souvent à cause de son goût immodéré d'exagérer à outrance les situations à haute tension afin d'entretenir le suspense, faisant ainsi couler par lui-même l'ensemble de son œuvre.