Si Mission Impossible est ma franchise cinématographique préférée, sans doute car je suis amoureux, comme toute personne saine d'esprit, de Tom Cruise, il faut accepter la triste réalité : ça s'essouffle. Si on va voir un film Mission Impossible et ceci depuis le début de la saga, c'est pour des séquences extrêmement tendues du slip (l'infiltration par le plafond dans le 1, l'ascension du Burj Khalifa dans le 4, la séquence de l'opéra ou le final dans le 5...) et là le film oublie de s'arrêter pour jouer avec sa situation et nous faire ressentir la tension et surtout il enrobe ses séquences d'action d'une narration peu inspirée et franchement lourdingue.
Avait-on vraiment besoin d'inventer une sorte de Némésis à Ethan Hunt qui viendrait de son passé ? (et même pas d'un des autres films ?)
Avait-on besoin de rajouter un autre personnage principal féminin en plus de Ilsa Faust (qui a été un peu gâché dans le 6 et dont on ne demandait qu'une utilisation plus ambiguë et trouble dans le 7) ?
En fait c'est ça le problème du film, il part dans tous les sens, il veut toujours faire plus, plus de personnages, plus de poursuivants, une menace toujours plus importante... Mais le résultat laisse à désirer parce qu'on va encore plus loin que le 6 dans le trop. C'est trop long, ça déborde et surtout ça ne fait rien, ça n'aboutit sur rien et le spectateur ne ressent rien (ou pas grand chose).
Et pourtant il y avait de quoi faire, on a une intelligence artificielle qui devient folle et qui se met à devenir autonome, donc les mecs de Mission Impossible ne peuvent plus se fier en quoique ce soit de technologique car les données peuvent être altérées en temps réel par l'IA... C'est une super idée, sauf qu'ils n'en font trop rien. On nous dit : ah là on utilise quelque chose d'analogique, ok, mais ça change rien, il n'y a rien qui change fondamentalement dans la façon de résoudre les situations, on te dit juste : c'est différent, mais on voit exactement la même chose que d'habitude à l'écran. Bel aveu d'échec.
Il y a juste un moment où le fait que l'IA puisse altérer en temps réel a un réel impact, et c'est encore une fois pas une mauvaise idée sur le papier pour faire comprendre la menace que représente cette IA. Sauf que, encore une fois, la tension n'est pas là, le spectateur est dans la confidence et il n'y a pas de réelle montée en puissance de la séquence qui pourrait donner un vertige paranoïaque où l'on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.
Comment ça peut être au centre des thématiques du film et ne jamais être exploité ? C'est d'une tristesse.
Et le pire reste le traitement de la mort d'un des personnages importants de la franchise. Faire mourir des personnages c'est bien, ça permet de montrer qu'il y a un réel danger, que personne n'est épargné, etc. Sauf que si tu balances la musique à fond bien avant que ça arrive et que passes directement à autre chose ensuite et qu'en plus le perso était sous exploité dans le début du film, ben ça fait pchit. Juste ça ne fonctionne pas en terme de dramaturgie.
Tout ça mis bout à bout, ça fait que MI7 est un film banal, aucune séquence d'action n'est construite avec suffisamment de maestria pour être marquante... et j'avoue que le final dans le train... bon... le premier film se finissait déjà dans un train... bien que ça ne soit ni dans les mêmes décors et qu'il ne s'y passe pas exactement la même chose, ça fait quand même un poil redondant. Reste juste la dernière séquence, faisant un peu penser à la meilleure séquence du Monde Perdu de Spielberg qui est pas trop mal, mais même là on l'a déjà vue ailleurs.
Chose amusante on se retrouve avec une séquence en bagnole à Rome tournée au même endroit qu'une séquence en bagnole de Fast X, autre dernier film d'une franchise découpé en deux parties. Mais contrairement à Fast X qui s'arrêtait au beau milieu de l'action dans un cliffhanger ridicule, ici MI7 sait se terminer, clore un chapitre et annoncer la suite à venir sans avoir l'impression qu'on a juste regardé une bande annonce (même si techniquement c'est un peu le cas).
En fait ce qui manque à ce Mission Impossible c'est un peu d'âme, le coup de la surenchère qui part dans tous les sens on avait déjà vu ça dans le 6, mais là juste c'est trop. Surtout qu'on ne va pas se mentir le côté "jeu d'échecs quadridimensionnel" avec une IA on ne le sent pas, c'est dit, c'est discuté, mais est ce qu'on le sent ? non... et surtout il y a plein d'éléments qui sont juste confus, notamment autour du méchant du film... et je ne parle pas là de l'IA qui a le malheur d'être traité comme n'importe quelle IA dans n'importe quel film, c'est un peu ridicule. Non je veux parler de ce méchant qui surgit du passé de Hunt (je souffle)... Il fait des trucs, il dit des trucs, sans doute calculés par l'IA vu qu'elle peut prédire comment vont réagir les gens, mais ça n'a aucun sens... tout comme le comportement de plein de personnages secondaires (genre le chef du renseignement américain qui ne sait pas que IMF existe...) et tout ça renforce l'impression d'être totalement extérieur au film... on regarde un truc qui se passe, on comprend pas trop pourquoi les personnages font ça, mais ça court tout le temps donc ça doit être important.
D'ailleurs ça court tellement qu'ils raccordent un peu les différentes scènes d'action un peu comme ils peuvent... et on a sans doute le pire sauvetage de tout Mission Impossible puisqu'il est fait par hasard, par accident, avec Tom Cruise qui débarque pile au bon moment, au bon endroit sans le savoir. De quoi ronger son frein... Mission Impossible c'est de la dernière minute, pas du hasard...
Enfin bon...
Je vois mal comment ils pourront réparer ça dans le dernier film, c'est trop le bordel. Il faudrait simplifier, se concentrer sur les cascades, la tension... mais ils sont déjà trop partis dans tous les sens pour faire quelque chose de correct avec les graines qui sont semées, à moins d'en abandonner la moitié, ce qui serait également très frustrant.
Après j'ai toujours passé un meilleur moment que devant Fast X... mais bon... déçu, parce que c'est banal et que MI ne devrait pas être banal, sans doute aurait-il fallu passer la main à un autre réalisateur qui impose sa propre patte.