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3,5
Publiée le 21 avril 2024
[Avant première] On perçoit la portée du dispositif induisant nécessairement cette durée hors norme : cette énumération sur une note tenue, invariante, d'horreurs qui en deviendraient presque communes tant la liste semble sans fin, plaquées sur les lieux du crimes lavés de tout, crée un certain vertige. On comprend le dispositif. En revanche cette uniformité de traitement sur une telle durée place assez haut le niveau d'exigence attendue quand à l'engagement du spectateur. Le dispositif en fait un film plutôt difficile d'accès alors que le propos aujourd'hui plus qu'hier mérite d'être entendu de tous.
Le réalisateur Steve Mc Queen, oscarisé pour « Twelve years a slave » en 2013, récidive avec un documentaire de plus de 4 heures, qui tente de décrire, rue par rue, l’action de « purification » réalisée par l’occupant allemand et ses zélés collaborateurs néerlandais. A Amsterdam, tout le monde se souvient de l’incontournable Anne Frank et de son journal. Mais ce frêle arbre cache en réalité la forêt des exactions nazies au cours de la seconde guerre mondiale. Dans « Occupied City », le réalisateur évoque, cas par cas, dans un listage qui semble viser l’exhaustivité, l'histoire funeste d'une partie des membres de la communauté juive d'Amsterdam. « Démoli » : le terme employé dans le film pour caractériser les bâtiments détruits ayant appartenu à la communauté et les lieux et quartiers où elle a vécu avant d'être exterminée par l'occupant nazi, claque comme un coup de fouet. Le film est d’autant plus efficace qu’il met en parallèle les faits relatés par le narrateur avec les images d’aujourd’hui. Tourné pendant l’épidémie de Covid 19, il ne peut nous empêcher de faire un rapprochement entre la période de l’occupation et la période récente : convocations de masse, couvre-feu, interdictions de rassemblement. En 1940 comme en 2020, les peuples luttent pour leur liberté de penser, de danser, d’aimer et de circuler. N’avons-nous donc rien appris ? Sobre et sincère, voilà un remarquable exercice de style au service de la mémoire.
La voix off débite à l'infini (pendant 4h, entrecoupées de scènes de rue et parfois d'intérieur), d'un ton monotone, platement, la liste des histoires liées à l'occupation nazie et aux drames vécus par la population juive (parsemés de certains actes de résistance), en fonction du lieu exact de toute une floppée de bâtiments situés sur le territoire d'Amsterdam. Le documentaire donne ainsi à voir en permanence Amsterdam entre début 2020 (avant, pendant et après les périodes de confinement léies au Covid) et 2023, égrénant les saisons, les scènes urbaines banales comme les réjouissances et les manifestations populaires (sans commentaire aucun) et, par-ci par-là, de rares séquences esthétisantes à l'ambiance glauque. C'est tellement long que ça fait songer à Shoah mais étrangement, j'ai été moins ennuyé par la vision de Shoah (9h26) que par ce pseudo-documentaire (aucune image ni aucune vidéo extraites d'archives ne sont incluses), qui fait effet de purge. De plus, le décalage entre les images qu'on voit et le texte, d'une teneur bien souvent glaçante, finit par produire un brouillage, un désintérêt et, pour finir, une perte d'attention. Ce projet original a du mérite (quel travail de compilation et de vues) mais il perd en fore de frappe au fur et à mesure que l'ennui prend le pas sur l'attention.
Steve McQueen propose en quatre heures une évocation radicale de la ville d'Amsterdam où il habite depuis 27 ans : images d'aujourd'hui, voix-off sans intonation sur les exactions commises par les Nazis à l'encontre des Juifs durant la guerre dans les mêmes lieux que nous voyons à l'écran. C'est très fort : en l'absence d'archives, ces lieux se mettent à parler. Avec une fin fulgurante de beauté.
Lors de l’avant-première du documentaire du réalisateur multi-primé (Turnez Prize, Palme à Cannes et Oscar du meilleur film) Steve McQueen, l’intervieweur lui demandait si « Occupied City » était un film, un documentaire ou une performance artistique. Et bien c’est un peu de tout cela. Un film car tourné en 35mm avec un soucis du cadrage et un montage radical – la compagne de Steve McQueen rédigeait un livre sur les lieux d’Amsterdam lié à l’occupation Nazi et il choisit de juxtaposer la lecture des commentaires liés à chaque adresse du livre avec des scènes tournées sur ce même lieux – qui du coup participe à un travail de documentaire classique avec une infinité d’histoires illustres - la maison ou se cachât Anne Franck - ou inconnues et le télescopage « arty » quand par exemple l’adresse d’un haut lieu de la résistance à l’occupant est filmé avec en avant plan une bande de jeunes insouciants qui ignorent probablement ceux à qui ils doivent une paix mondiale – relative actuellement – et leur soif de liberté. C’est un peu tout cela « Occupied city » et cela dure 4h20 – avec une intermission de 15 minutes, une boucle spatio temporelle qui comme une installation de Sophie Calle égrène des souvenirs de la même voix administrative contre l’oubli et la banalisation de l’impensable. Seul bémol à l’enthousiasme du cinéphile des commentaires en anglais qui parfois empêchent de se focaliser sur les scènes, l’œil rivé sur les sous titres.