C’est vraiment bien trouvé comme concept, la Swissploitation…d’autant plus que ça repose sur des clichés relatifs à un pays à la fois connu et méconnu. Essayez, juste pour voir : vous avez deux secondes pour me dire tout ce qui vous passe par la tête quand vous entendez “Suisse”. Pour moi, ce sont des vaches, de la fondue, des banques, du ski, le tout dans un pays et avec des gens qui semblent globalement un peu ennuyeux. On ne peut même pas dire que je maîtrise bien Heidi, même si j’ai déjà regardé des films, des séries anciennes et des dessins animés japonais : je sais juste que c’est une petite fermière des alpages qui vit des aventures inoffensives et pastorales, du genre ma chèvre est tombée dans un trou ou Mon amoureux Grütli est parti me chercher un edelweiss. Le détournement à pratiquer coulait donc de source, et on écope ainsi d’une Heidi pétroleuse qui combat un gouvernement fasciste qui traque les intolérants au lactose et tente de créer une armée de super-soldats gavés de fromage concentré. Comme dans toutes les parodies, en fonction des propres clichés qu’on nourrit vis-à-vis du sujet, j’ai été amusé par certains gags, j’en ai trouvé d’autres bien trop évidents et il y en a sûrement quelques uns que je n’ai pas repérés, vu que je ne suis pas doctorant en culture et civilisation helvétique. De toute façon, ‘Mad Heidi’ est une série Z, mise sur pied grâce au crowdfunding, mais dont les réalisateurs font preuve d’un savoir-faire honorable derrière la caméra tout en conservant les caractéristiques qui font du Z ce qu’il est, c’est à dire un scénario vaguement incompréhensible, un mélange des genres dosé au tractopelle, des acteurs qui en font des tonnes, de la violence gratuite et de la fesse non moins gratuite. ‘Mad Heidi’ a donc choisi la sécurité entre le Z amoureusement façonné et la semi-incompétence ingénue : si la seconde, rare au possible, est souvent la plus hilarante, la première permet à des compagnies aussi anachroniques que la Troma team de subsister encore aujourd’hui, et Mad Heidi, s’il n’était pas né de l’autre côté de l’océan, aurait pu être accueilli à bras ouverts dans la grande famille Troma…