Nous sommes en 1930 et le cinéma parlant vient de naître. Son arrivé bouleverse les codes du cinéma, qui ne sait pas très bien comment utiliser ce nouvel outil. Car au-delà du simple enregistrement des voix des acteurs, cette révolution apporte aussi les sons, les bruitages et la musique qu'il faut aussi maîtriser désormais dans le montage du film. Si certains on vu cette arrivée comme la mort du septième art pour les plus septique, ou une manne financière pour les plus opportunistes. Pour d'autres, et visiblement Jean Choux, cela a été l'ouverture de nouvelle voix d'expérimentations dans le langage cinématographique. "Un chien qui rapporte", une pièce de théâtre de boulevard d'origines, aurait pu n'être que des acteurs dans une chambre qui jouent leurs textes. Mais le réalisateur en fait un film expérimental, dans ses cadrages, dans son montage, mais surtout dans l'utilisation des sons. Et ce n'est pas pour rien que le cinéaste a préféré terminer son générique en se créditant comme monteur sonore et non réalisateur.
Surement conscient que le cinéma expérimental n'attire pas vraiment les foules dans les salles, il contrecarre ce problème en choisissant un sujet très frivole. Cette histoire de femmes chasseuses de riches maris, est donc un bon prétexte pour filmer de façon très lubrique des jeunes femmes en petites tenues et permettre aux hommes (et aux femmes aussi, avec un des second rôle ouvertement bisexuelle dans le film) de se rincer l'oeil, à une époque où l'érotisme était réservé aux galeries d'arts où aux clichés distribués sous le manteau. Si Jean Choux avait vécu dans les années 70, surement se serait-il lancé dans les prémices du cinéma X.
Nous assistons de ce fait à un film qui fait le grand écart entre un film expérimental élitiste qui se cherche (pas toujours avec bonheur), et un film des plus racoleur.
Impossible de ne pas parler ici d'Arletty dont c'est son premier grand rôle au cinéma et qui a déjà sa gouaille et son phrasé légendaire. Mais celle-ci n'était pas une débutante pour autant. Forte de 15 ans d'expérience au théâtre, elle avait toujours refusé de faire du cinéma avant l'arrivée du parlant. Autre dame du cinéma, avec plus de 100 film dans sa carrière, la truculente Madeleine Guitty dans le rôle de Madame Gras, la concierge qui rêve en parodie du cinéma muet, où les années d'expériences de théâtre transparaissent dans son jeu inoubliable.
Le film lui n'est certainement pas inoubliable et même très certainement oublié. Mais son intérêt reste dans ses recherches visuelles et sonores et pour la découverte d'Arletty évidement.