Sœur Bénédicte va faire ses vœux perpétuels à l’abbaye Notre Dame de Fidélité de Jouques près d’Aix en Provence. L’abbaye fondée en 1967 compte quarante-cinq sœurs âgées de 22 à 90 ans.
Au pays des vignes et des cigales, cette communauté pratique la règle de Saint Benoit : « ora et labora » (prie et travaille). En effet la vie communautaire se partage entre le travail agricole ou l’artisanat et la prière, avec le chant des offices monastiques et l’oraison (la prière individuelle).
Le parti pris des réalisateurs est de suspendre le temps et de nous faire vivre, presque en vraie grandeur, deux heures de vie monastique, réparties sur une journée aux les différents moments qui la rythment. En effet, chaque séquence prend son temps, et cette lenteur, dans notre quotidien « speed » et connecté surprend. Notamment celle consacrée à l’oraison ou au chant de l’office à la chapelle. Elle contraste en effet avec les séquences de travail où, avec l’action plus visible, le temps passe plus vite.
La réalisatrice Cécile Besnault, de spiritualité carmélitaine… est d’ailleurs entrée au Carmel, avant d’avoir fini le film. Celui-ci sera terminé par le co-réalisateur, Ivan Marchika, qui est non-croyant. Ce parti-pris d’équipe est intéressant pour ce film atypique, qui nous introduit, « ô temps suspend ton vol » dans le lâcher prise et la contemplation.
Le film est exigeant et presque paradoxal. En effet, le cinéma c’est plutôt l’inverse de la contemplation intérieure, puisque images et sons nous amènent à la contemplation extérieure de ce que nous voyons et entendons… Et c’est Ivan Marchika, lui même qui conclue : « L’ennui est construit pour nous ouvrir à une autre perception et nous permettre d’apercevoir des choses qu’on ne verrait jamais autrement ».
Une expérience unique, à entrevoir viiite !