Quand Hitchcock a décidé de faire le remake d'un de ses vieux films datant de sa carrière anglaise, c'est parce qu'il le trouvait assez peu réussi, et il a attendu 22 ans.
Alors quelle idée est passé par la tête pourtant géniale de Howard Hawks, de refaire l'un de ses meilleurs films, Boule de feu, et moins de dix ans après ???
Car les pauvres Danny Kaye et Virginia Mayo ne peuvent pas espérer une seule seconde de pouvoir rivaliser avec le talent de Gary Cooper et Barbara Stanwyck... Gary Cooper, magnifique en Bertram Potts timide, maladroit avec les femmes, et ne manquant pourtant pas d'intelligence et de détermination ; Barbara Stanwyck, divine en Sugarpuss O'Shea qui fait l'effet d'un ouragan dans le groupe des vieux célibataires.
Bon, heureusement, il ne s'agit pas de la même chose, pas tout à fait de la même chose dirons-nous : c'est une comédie musicale. Ce qui était une simple encyclopédie devient une encyclopédie musicale, et les vieux professeurs ne sont plus interloqués par un langage moderne, mais par une musique inconnue d'eux et de leurs grimoires : le jazz et tout son univers.
Dès lors, l'histoire prend de l'intérêt, et avec un plaisant technicolor qu'on savoure autant que la photo de Gregg Toland, on suit les personnages avec autant d'émotion que d'humour.
Bien inférieur à son original, A Song is born présente néanmoins un casting de luxe pour les mélomanes et les fous de jazz : Louis Armstrong, Tommy Dorsey, Charlie Barnet, Lionel Hampton, Mel Powell.
Réjouissante comédie musicale aux couleurs vives, A Song is born prouve avec tous ses autres films que Howard Hawks avait le don de tous les genres, le don de Cinéma.