S'il y avait eu un peu plus de lâcher prise de la part de Christophe Honoré, Chambre 212 aurait pu davantage convaincre sur le registre de la comédie légère, voire vaudevillesque, autour du thème de l'usure du couple, en général, et de l'adultère, en particulier. Oui, mais voilà, le cinéaste a beau chasser son naturel, il revient au galop car il est avant tout un cérébral qui ne laissera jamais l'émotion infuser plus que de raison, dans ses films. Même remarque pour l'humour, qui devrait baigner Chambre 212, et qui n'est pas ou peu, au rendez-vous. A part cela, le film est assez réussi dans sa narration, superbement écrit, notamment ses dialogues, dans une langue châtiée qui nous venge de bien des films d'auteurs français dont les échanges verbaux ne sont pas loin d'être consternants, quand ils sont audibles, évidemment. La mise en scène est raffinée, la lumière magnifique mettant en valeur les visages des acteurs principaux. Chiara Mastroianni, Camille Cottin et Vincent Lacoste sont remarquables alors que Benjamin Biolay semble surtout s'ennuyer, guère servi, il faut le dire par un accoutrement vestimentaire peu seyant (un bermuda en hiver ?). Au petit jeu des références, on trouvera un peu de Resnais et de Blier dans le côté ludique et absurde et de Guitry pour les répliques. Il manque peu pour que l'éternel sujet du mariage en panne et de la tromperie conjugal ne soit ravivé dans Chambre 212. Ce n'est pas tant l'aspect théâtral de la chose qui gêne mais, encore une fois, le côté sérieux et intellectuel de Honoré qui empêche ces feux de l'amour enfui de devenir brasier.